Les 42 commandements de Maât

Afin de comprendre ce qui sera dit ici, il convient au préalable pour la lectrice et le lecteur de se documenter sur ce qu’est Maât en réalité avant de savoir comment nos ancêtres égyptiens en sont arrivés à établir les 42 commandements. Pour en savoir plus sur les origines de Maât, qui est la philosophie de toute l’Afrique, cliquez ici

Maât, fille de Dieu, elle représente la Vérité et la Justice, avec sa plume sur la tête

Maât est l’ensemble des lois qui régissait la vie des anciens Kamites (Noirs). Après avoir étudié l’univers et découvert l’existence de Dieu, nos ancêtres sont arrivés à la conclusion que le but de l’existence était la préservation et la perpétuation de la vie. Ils ont donc émis un ensemble de lois chargées d’appliquer cette philosophie et de garantir l’ordre et l’harmonie dans la société, comme Dieu avait pu le faire lorsque du désordre des eaux primordiales (Noun), Il-Elle avait fait jaillir la création ordonnée et harmonieuse.

Tout être humain doit comme Dieu au commencement mettre l’ordre à la place du désordre, le bien à la place du mal, la vérité à la place du mensonge, la justice à la place de l’injustice etc pour que la vie continue. C’est cette notion de la continuation de la vie, à travers l’application de la vérité-justice que renferme Maât.

L’opposé de Maât est isfet. Isfet et ses adeptes doivent être vaincus à tout pris, y compris par des moyens violents s’il le faut en dernier recours. C’est cette conception de la pratique perpétuelle du bien qui explique pourquoi les Africains anciens, sans avoir été parfaits, ont été un des peuples les plus vertueux au monde dans les temps anciens.

Absence ou presque de famine, absence de sans domiciles, solidarité renforcée, des guerres moins fréquentes et moins sanglantes qu’ailleurs, des rois généralement aimés qui régnaient pour le bien de leurs peuples, hospitalité envers les étrangers. L’historienne et géographe Louise Marie Diop-Maes dira de la société africaine ancienne qu’elle fut « étonnement humaine ».

Un homme Mursi d’Ethiopie portant la Plume de la Maât

Maât se retrouve dans toute l’Afrique authentique sous plusieurs noms. D’après le savant camerounais Nkoth Bisseck, elle se dit Mbog (Bassa, Cameroun), Mbongi (Kongo, Congos-Angola), Mbok (Wolof, Sénégal), Fokon’olo (Madagascar), Mboka (Lingala, Congos), Bok (Fon, Bénin), Mvog (Ewondo, Cameroun), Fokh (Fang, Cameroun-Gabon-Guinée Equ.), Woko (Banyarwanda, Rwanda), Wiko (Copte, Egypte), Wogo (Shilluk, Sud Soudan), Wooko (Peul, Afrique de l’ouest et centrale), Mogho (Mossi, Burkina Faso), Dugu (Bambara, Mali), Dhuughaa (Somali), Hoggo (Dogon, Mali), Mpow (Akan, Afrique de l’ouest), Mogho (Soninké, Afrique de l’ouest), Hougan (Haiti), etc…

La vie de chaque Africain doit être dédiée à faire la Maât. Et c’est lorsqu’on meurt qu’on doit prouver qu’on a appliqué Maât en passant le jugement dernier. A la mort, le corps périt, l’énergie indestructible gagne l’éternité (vie éternelle) et l’esprit/âme qui est comptable des actes qu’on a commis doit être jugé par Ousiré (Osiris). Ousiré préside le tribunal du jugement dernier dans la salle dite des deux Maât, accompagné de sa sœur-femme Aïssata (Isis) et de leur sœur Nabintou (Nephtys). Ousiré, en tant que premier Être à avoir connu le cycle de l’existence (vie-mort-justification-résurrection) est apte à déterminer qui a obéit aux lois divines.

Planche III du livre des formules efficaces pour la fusion dans la lumière divine (plus connu sous le nom de livre des morts des anciens égyptiens). On y voit le défunt et sa femme (vêtus de blanc) qui passent l’épreuve du jugement divin. Tout en haut on voit certains des 42 dieux de Maât
Inpou a une tête de chien, il est en train d’armer la balance avec la plume d’un côté et le coeur de l’autre. Djehouty a une tête d’Ibis. Le corps d’Amout est fait de 3 animaux

Le défunt est introduit dans la salle des deux Maât par Horo (Horus). Son cœur où siège son Bâ (âme) est déposé dans une balance par Inpou (Anubis). Le cœur doit être aussi léger que la plume de Maât de l’autre côté. Djehouty (Thot) transcrit le jugement du défunt. Le coeur doit doit être léger et les 42 commandements doivent avoir été appliqués.

Si l’issue du jugement dernier est positive, le défunt sera justifié par Ousiré et son âme sera transmise à un nouveau-né (résurrection/réincarnation). Les vivants entreront en contact avec Dieu à travers son énergie éternelle. Il devient ainsi un ancêtre méritant. Dans le cas contraire Amout (divinité crocodile-léopard-hippopotame) dévorera le cœur qui servira de nourriture aux 42 dieux de la Maât.

Ousiré (Osiris), celui qui est né, mort, justifié et ressuscité pour la première fois. Il est sur son trône, présidant le tribunal des morts pour juger les défunts

Face à Ousiré et ses sœurs, le défunt doit prononcer ces paroles :

Indj her ek ntjer aa, Neb Maâty Salut à toi, dieu grand, Maître des deux Maât

Iou.i reh kwi tjou reh kwi ren ek Je te connais et je connais ton nom

Reh kwi ren n pa ntjerou 42 Je connais le nom de ces 42 dieux

Ankhyou m saou djout es Qui vivent de la garde des péchés

Amy m senef sen Et s’abreuvent de leur sang

Herou poui n kedou m bah Oun nefer Le jour de l’évaluation des qualités devant Oun nefer (l’éternellement bon/Osiris)

Mek saty merety irty neb Maâty ren ek Celui des deux filles (Aïssata et Nabintou), le maître des deux Maât est ton nom

Mek iou i ii kwi her ek Voici que je suis venu vers toi

In n i n ek Maât Et que je t’ai apporté ce qui est équitable

Dera n i n ek isfet J’ai chassé pour toi l’iniquité

  1. N ir i isfet r remet Je n’ai pas commis l’iniquité contre les hommes
  2. N semar i oundjout Je n’ai pas maltraité les gens
  3. N ir i iouyt m set Maât Je n’ai pas commis de péchés dans la place de la Vérité (le temple)
  4. N rekh i ntet Je n’ai pas cherché (à connaître) ce qui n’est pas à connaitre = ne me suis pas mêlé des affaires d’autrui
  5. N ir i bou djou Je n’ai pas fait de mal
  6. N ir i tep ra neb bakou iret n i, n rou ren i iat net herep hemou Je n’ai pas commencé ma journée (de travail en recevant une commission de la part des gens qui devaient travailler sous mon œil = je n’ai pas été corrompu ; et mon nom n’est pas parvenu aux fonctions d’un chef de travailleurs)
  7. N nemehe i hemouou m het ef Je n’ai pas privé un artisan de ses biens
  8. N ir i bout ntjerou Je n’ai pas fait ce qui est abominable aux dieux
  9. N semer i Je n’ai pas fait pleurer
  10. N sema i Je n’ai pas tué
  11. N oudj i sema Je n’ai pas ordonné de tuer
  12. N ir i menet her neb remet Je n’ai fait de peine à personne
  13. N hebi i sebou m rou perou Je n’ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples
  14. N oudj i ntjerou paoutiou Je n’ai pas blasphémé les dieux primordiauxN nehem i fenhou ahou Je n’ai pas volé les galettes des bienheureux
  15. N nek i es Je n’ai pas été pédéraste (homosexualité)
  16. N dada i Je n’ai pas forniqué (sexe avec une personne mariée)
  17. N hebi i debhou Je n’ai pas retranché au boisseau (volé du blé)
  18. N hebi i setjat Je n’ai pas amoindri l’aroure (Je n’ai pas falsifié de comptes)
  19. N siat i ahout Je n’ai pas triché sur les terrains
  20. N ouah i her mout net iousou Je n’ai pas ajouté au poids de la balance
  21. N nemehe i m teh n mehat Je n’ai pas faussé le peson de la balance
  22. N nemehe i irtet m ra n nehnou Je n’ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants
  23. N kef i houout her semou sen Je n’ai pas privé le petit bétail de ses herbages
  24. N sehet i apedou n tour ntjerou Je n’ai pas piégé d’oiseaux dans des roselières des dieux
  25. N ham i remou n haout sen Je n’ai pas péché de poissons de leurs lagunes
  26. N hesef i mou m ter ef Je n’ai pas retenu l’eau dans sa saison
  27. N den i denit her mou asou Je n’ai pas opposé une digue à une eau courante
  28. N ahem i het m at es Je n’ai pas éteint un feu dans son ardeur
  29. N tehi i souou her setpet Je n’ai pas omis les jours des offrandes de viandes
  30. N seni i menmenet her het ntjer Je n’ai pas détourné le bétail du repas (offrande) du dieu
  31. N hesaf i ntjer m perou ef Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession
Femme Duruma, Kenya
avec la plume de la Maât
Hommes centrafricains avec la plume de la Maât
Homme peul, Niger
Hommes Igbo, Nigeria

Iou i wab i sepa ! iou I wab I sepa! Iou I wab I sepa! Iou I wab I sepa Je suis pur, je suis pur, je suis pur, je suis pur

Nen kheper bou djou r i m ta pen oushet tjen net Maaty her ntet twi reh kwi ren n nen ntjerou ounyou im es Il ne m’arrivera pas de mal en ce pays car je connais le nom de ces dieux qui s’y trouvent

  1. N senet i Ntjer Je n’ai pas blasphémé Dieu
  2. Je n’ai pas agi avec violence
  3. Je n’ai pas été de mauvaise humeur
  4. Je n’ai pas été sourd aux paroles de vérité
  5. Je n’ai pas été bavard
  6. Je n’ai pas dit de mensonge
  7. Je n’ai pas inspiré de craintes
  8. Je n’ai pas pollué les eaux
  9. Je n’ai pas insulté le roi
  10. Je n’ai pas été hautain
Hommes Somali
Homme Kuba, RD Congo
Jeune femme soudanaise

Indj her tjen imyou oushet tjen net Maâty Salut à vous qui êtes dans cette salle des deux Maât

N tou gerge Vous qui êtes exempts de mensonge

Ma tjen wi ii kwi her tjen Me voici venu à vous

Nen isfet i, nen hebent i, nen djout i, nen meterou i, nen ir n i het r ef Sans péchés, sans délits, sans vilenie, sans accusateur, sans quelqu’un contre qui j’ai sévit

Iou ir n i djedet remetj herout ntjerou her es J’ai fait ce dont parle les dieux, ce dont se rejouissent les dieux

Iou sehtep n i ntjer m merret ef J’ai satisfait le dieu (Ousiré) par ce qu’il aime

Iou i redi n i t n heker J’ai donné le pain à l’affamé

Mou n ib De l’eau à l’altéré

Hebes n hayou Des vêtements à celui qui était nu

Mehent n iwi Une barque à celui qui n’en avait pas

Nehem wi iref tjen hewi wi nen semi tjen r i m bah (ntjer aa) Alors sauvez moi, protégez moi, ne faites pas de rapport contre moi devant (ce grand dieu (Ousiré))

Ink wab ra wab awi Je suis pur de bouche, pur de mains

Femme pratiquante du Vodoun, Bénin
Adolescents Zulu, Afrique du Sud

Pour en savoir plus sur les origines de Maât, cliquez ici

Hotep !

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)    

Notes :

  • La philosophie africaine de la période pharaonique, Théophile Obenga
  • Hymnes et prières kamites, Nioussérê Kalala (Jean Philippe) Omotunde
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