La mentalité des chefs d’Etat africains : le problème et les solutions

Incompétents ! Corrompus ! Accrochés au pouvoir ! Sans amour pour le peuple ! Vendus aux intérêts étrangers ! Autant de descriptifs colériques qui s’égrènent quand les Africains parlent de leurs chefs d’Etat.

60 ans après les indépendances héroïques où nous nous sommes libérés de l’esclavage colonial, rien de majeur n’a été accompli par l’Afrique. Des villes sont certes sorties de terre, une classe moyenne modeste est apparue, mais un nombre choquant n’a ni sécurité alimentaire, ni accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation, aux soins de santé. L’Etat fédéral africain, rêve absolu de nos pères, est aujourd’hui un horizon lointain.

Si l’Afrique n’est pas l’apocalypse que dépeignent les médias ennemis, tous les indicateurs nous mettent pourtant à la dernière place dans le monde. Mis à part quelques exceptions, les chefs d’Etat africains échouent lamentablement dans la tâche qui est la leur.

L’Afrique est dernière en terme d’indice de développement humain (IDH); mesure permettant de ressortir le niveau de vie des populations.

Comment expliquer l’inefficacité criante et le désintérêt de la classe politique africaine, qui ne parvient pas après tant d’années, à assurer les besoins vitaux du grand nombre, et n’a même pas honte quand des centaines de corps noirs en guenilles échouent sur les plages européennes ?

C’est sur ce sujet complexe que nous allons vous donner notre appréciation. Avant de circonscrire le problème du sous-développement de l’Afrique aux dirigeants, il convient d’abord de cerner le contexte dans lequel ils évoluent.

… Comme pendant l’esclavage

Au préalable il faut comprendre que l’image du dictateur africain incompétent et corrompu, fait suite à des évènements qu’il ne faut pas oublier : à savoir qu’aux indépendances, la France, les Etats-Unis et la Belgique ont fait tuer, démis ou saboter jusqu’à la paralysie, les leaders africains qui entendaient répondre aux aspirations de leurs peuples. Les années 60 et 70 surtout, ont vu un nombre impressionnant de coups d’Etat pour remplacer ces dirigeants par d’autres dociles et incompétents.

Des leaders nationalistes, chefs de gouvernement et présidents assassinés ou déposés par coup d’Etat de l’Occident.

Ce mode opératoire ne fut qu’une répétition de celui de la traite négrière lors de laquelle pendant les 16e et 17e siècles, les esclavagistes européens ont rasé les civilisations africaines et tué nombre de rois résistants et leurs soldats, pour installer aux 18e et 19e siècles les fameux rois vendeurs d’esclaves qui participaient à ce commerce.

On ne peut donc pas occulter le fait que les chefs d’Etat d’aujourd’hui, ou les systèmes qui les ont installés, nous ont pour beaucoup, été imposés parce que nous ne pouvions pas nous défendre.

Il faut aussi pointer le fait que la fonction de chef d’Etat africain est dangereuse. Nos dirigeants connaissent bien la longue liste des assassinats politiques. Ils sont conscients des bases militaires étrangères sur leurs sols qui les tiennent en laisse, et sont souvent apeurés par le fait d’être tués s’ils défient les puissances néocoloniales. La souveraineté économique totale est une voie très risquée. Ils vendent donc souvent nos matières premières à prix imposés et ne disent rien contre le Franc CFA, qui est un frein sérieux au développement des pays dits francophones.

Mais malgré le bradage de nos matières premières, malgré le Franc CFA, il y a tout de même souvent de l’argent qui rentre dans les caisses. Les facteurs extérieurs seuls n’expliquent par exemple pas l’état du Nigéria et du Congo-Brazzaville, où la rente pétrolière coule depuis des décennies, mais la moitié du peuple vit dans la misère. C’est à partir d’ici qu’est engagée la responsabilité propre de nos dirigeants.

Le Chef d’Etat dans l’Afrique ancienne

L’Afrique avant sa destruction par les esclavagistes européens était un continent très prospère et probablement le plus riche au monde. La faim était quasi inconnue, les rois étaient des hommes généralement compétents, bâtisseurs et très aimés du peuple.

Nos ancêtres avaient théorisé que Dieu maintient et ordonne la vie dans tout l’Univers, son messager le Soleil maintient et ordonne la vie sur toute la Terre. Le roi qui maintient et ordonne la vie sur son territoire exerce à l’image du Créateur et du Soleil donc, une fonction divine.

Le pouvoir sur le territoire, émanation du pouvoir de Dieu dans tout l’univers, était conçu comme trop important pour être donné à n’importe qui. Les héritiers, ou l’héritier au trône, était par conséquent dès son enfance, strictement instruit et encadré par les prêtres, dans le secret des cercles initiatiques.

On devait en quelque sorte le blinder mentalement, pour qu’il rejette la corruption et soit dédié au service de Dieu et du peuple. Il comprenait ainsi la sacralité de sa fonction et l’obligation de maintenir, ordonner et faire prospérer la vie de ses futurs sujets. Il se plaçait sous l’autorité de Dieu et ses lois (Maât). Maintenir et faire prospérer la vie en exécutant Maât, était perçu par toute la société comme le plus haut accomplissement qui soit.

C’est la conception originelle du leadership sur le Continent Noir, qui nous a donnés nos plus grandes civilisations, y compris la plus grande civilisation de tous les temps : la civilisation égyptienne.
Image : l’Egypte, Wagadou (ancien Ghana), Zimbabwe

Les milieux d’argent étaient pour leur part neutralisés par des taxes importantes. L’Etat prenait aux très riches une bonne partie de leur fortune. Il leur enlevait ainsi, pensait-on, leur habilité à corrompre les élites et à détourner le pouvoir politique pour leurs intérêts, au détriment du peuple.

Ce système de taxes ou redistribution des richesses, appelé Bilabi chez les Bétis du Cameroun, était quasi général à l’Afrique. Chez les Ashanti, le roi avait interdiction d’accumuler des richesses propres et de léguer quoi que ce soit à ses descendants.

Quand le souverain en Afrique avait failli à sa mission, sa mère propriétaire du trône conformément à la tradition matriarcale, pouvait le démettre de ses fonctions. Le clergé, gardien de l’ordre divin, pouvait ordonner son suicide.

Toutes ces structures ont disparu avec la colonisation européenne.

De l’éducation coloniale à la soumission et au désintérêt

Nos présidents sont comme nous tous. L’école coloniale eurocentriste (centrée sur l’Europe), leur a appris que les Blancs ont tout inventé sauf le ciel et la terre. A contrario la même école leur a dit que leurs ancêtres étaient des Êtres primitifs jamais sortis de la préhistoire.

La grande majorité des Africains ne connait ainsi aucun inventeur noir. Ils ne savent même pas que ces deux mots vont ensemble. Ils ne connaissent, pour la plupart, aucune civilisation noire. Ils ne savent même pas que ces deux mots vont ensemble. Alors que c’est eux qui ont civilisé la Terre entière y compris l’Europe 3 fois !!!

Consciente du rôle du passé, l’activiste africaine-américaine Assata Shakur disait « Personne ne vous apprendra votre vraie histoire, (ni) ne vous enseignera vos vrais héros, s’ils savent que cette connaissance vous aidera à vous libérer ».

Cheikh Anta Diop ajoutait dans Antériorité des civilisations nègres, page 48 « Le Nègre ignore que ses ancêtres qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la Vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation (…)
Ignorant les faits historiques qu’on prend soin de lui cacher, ou de déformer avant de les lui enseigner, il en est arrivé à épouser le point de vue que l’enseignement colonialiste a constamment chercher à lui inculquer pour s’assurer sa docilité : à savoir qu’il n’a pas d’histoire ou de culture comparable à celle de l’Europe, qu’il est donc fait pour obéir et non pour organiser ou assumer des responsabilités ». 

Voilà le travail de l’école coloniale, aidés par les Chefs d’Etat qui la laissent passivement continuer : détruire notre histoire pour nous injecter le complexe d’infériorité. Nous ne sommes pas éduqués comme des Africains responsables, nous sommes éduqués comme des esclaves européens. Nous sommes dressés pour obéir. (A gauche : Tuanga Imana (Toutankhamon) et sa femme Ankh Sen Imana, fille de Nefertiti et Akhenaton)).

Les langues européennes quant à elles assènent constamment aux Africains que le mot noir qui les désigne est maléfique. Le christianisme et l’islam complètent cette maléducation en blanchissant ou arabisant l’image de Dieu dans leurs esprits, et en faisant passer les dominations européenne et arabe comme un ordre indiscutable décidé par Dieu.

Ces religions enseignent aux Africains par ailleurs, que leurs ancêtres et leur spiritualité sont l’illogisme et le mal incarné. Enfin, l’environnement et les médias surtout, élèvent l’enrichissement personnel et l’accumulation de matériel au rang de plus haut accomplissement qui soit.

Ce sont donc des jeunes matérialistes, dévalorisés, haineux d’eux-mêmes, complexés et soumis devant l’étranger que l’école, les médias et les religions révélées auront fabriqués. Ils ont surtout intériorisé, très tôt, le fait que la vie des Noirs qui sont illogiques et arriérés de nature, n’a aucune valeur.

C’est ainsi qu’ils sont cooptés et initiés aux milieux francs-maçons, qui entérinent leur corruption spirituelle commencée par les religions étrangères, et leur soumission aux intérêts de l’étranger. Pénétrer l’élite absolue des Blancs est vu par ces Noirs sans amour propre, comme la plus fabuleuse des expériences. C’est donc souvent l’Occident et/ou ses multinationales qui vont les installer par la violence ou la fraude électorale ; ou qui vont financer leurs campagnes et les aider à tromper le peuple pour se faire élire.

Les présidents Ali Bongo du Gabon, Thabo Mbeki de l’Afrique du Sud, George Weah du Liberia ou John Kufuor du Ghana sont francs-maçons ou affiliés à ses branches. C’est dans ces cercles initiatiques que ces Africains faibles d’esprit prêtent serment aux intérêts étrangers.
Le mal est très profond.

Une fois au pouvoir, les Chefs d’Etat africains n’ont ni conscience historique, ni orgueil pour travailler vers une souveraineté économique entière. Pensant être inférieurs, ils acceptent nombre d’humiliations de l’étranger sans protester. La soumission est telle que le président brésilien Lula leur a dit, exaspéré, « cessez de baisser votre pantalon devant les Occidentaux ».

Matérialistes, leurs régimes sont essentiellement clientélistes, vendant des pans entiers du pays au plus offrant et détournant l’argent public pour leur enrichissement personnel.

Psychologiquement affaiblis face aux Blancs, la force de nos chefs d’Etat n’est exercée que sur les Noirs qu’ils regardent – « évolués » qu’ils se pensent – comme des non-personnes. Les souffrances de leurs concitoyens les laissent indifférents. La violence la plus gratuite n’est jamais loin pour écraser ces non-personnes qui gênent leurs accaparements des richesses.

Le président Ahidjo du Cameroun, en posture de serviteur en présence du président français Georges Pompidou et de Jacques Foccart, le père de la Francafrique.
Le président Yayi Boni du Bénin, en pleine gestuelle de subordination à coté du président français Hollande.
REUTERS/Charles Placide Tossou
le président sénégalais Macky Sall qui roule dans les limousines les plus chères du monde, alors que les sénégalais ont un des IDH les plus bas de la planète.
Le président sud-africain Ramaphosa, qui aurait reçu des millions de Rands de la part de riches hommes d’affaires blancs sud-africains pour sa conquête du pouvoir. Il est bien parti pour être le 5e président noir, à ne pas donner aux Noirs la justice économique attendue depuis la fin de l’apartheid.
Le président Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, qui est revenu au pouvoir en 1997 au terme d’un coup d’état qui a fait 100 000 morts.
La facilité avec laquelle nos dirigeants savent être violents envers nous mais mobilisent toutes les forces dès qu’un Blanc est porté disparu, est le résultat du lavage de cerveau que nous avons tous reçu.

Disons-le, nos présidents ne sont, mentalement, pas des extraterrestres. Ils sont comme nous tous, des Africains aliénés et complexés. Ils nous ressemblent. La différence c’est que ce sont des Africains aliénés avec du pouvoir. Ceux qui sont ou ont été dévoués à l’objectif d’une souveraineté entière et le bien-être du peuple, sont des exceptions, des gens dont la mentalité a échappé à la broyeuse du système.

En résumé

Il ressort pour nous que l’incompétence des Chefs d’Etat africains est le résultat des facteurs suivants :

La force militaire de l‘adversaire, qui tient en joue nos présidents pour qu’ils servent les intérêts occidentaux et non les nôtres.
Le mode de désignation du chef de l’Etat, qui permet à n’importe qui, sans garantie d’intégrité suffisante, de diriger nos vies.
L’éducation coloniale, qui apprend aux futurs dirigeants à être les larbins de l’ennemi et à nous mépriser parce que nous sommes noirs.
Les religions étrangères, qui installent cette soumission au niveau spirituel.
Les valeurs matérialistes, qui érigent l’argent en maitre suprême, et poussent nos chefs d’Etat à travailler à s’enrichir et non à nous servir.

Quelles solutions ?

Construire une défense militaire dissuasive. C’est notre point faible depuis 500 ans et c’est par là que sont venus tous nos malheurs. Mettez au pouvoir le chef d’Etat que vous voulez, si l’ennemi décide de la chasser, il y parviendra. La Chine, humiliée aussi par les colonisations européennes et japonaise au 19e et 20e siècles, à commencer à relever la tête ainsi.

Il faut refaire de la Spiritualité Africaine (Vitalisme), la religion d’Etat. Comme dans les temps anciens, tout le monde devra avoir une initiation basique. Les prétendants à la direction du pays se manifesteront d’abord au Clergé. Ce sont les prêtresses et les prêtres qui décideront, après une enquête de moralité sévère, qui peut être candidat au poste de chef d’Etat.

Les représentants élus des différentes ethnies éliront alors le chef de l’Etat parmi les candidats retenus. Le clergé initiera finalement celui-ci au plus haut niveau pour renforcer son allégeance au Dieu noir (Imana), à la vie (Ankh) et à l’ordre divin (Maât), avant qu’il n’entre en fonction. Tous les responsables politiques devront ainsi passer par une initiation avancée. Si les Africains n’initient pas eux-mêmes leurs Chefs d’Etat, la Franc-Maçonnerie continuera à le faire pour eux.

Les milieux d’argent devront être neutralisés par une séparation bien pensée entre eux et les institutions; voir par des taxes sur les richesses en excès, sans pour autant freiner l’esprit entrepreneurial. La lutte contre la corruption et l’influence de l’argent étranger devront être totales.

Enfin l’éducation coloniale eurocentriste devra être naturellement liquidée. L’éducation afrocentrique seule aura droit de cité en Afrique. Elle dotera tous les Africains et nos futurs chefs d’Etat de l’immense fierté que procure notre place de premiers humains et uniques civilisateurs de l’humanité. Installés de nouveau sur le piédestal de l’histoire, ils seront psychologiquement armés pour se battre pour nos intérêts dans ce monde prédateur et raciste.

Le futur?

Hotep!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite)

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