L’origine africaine des chiffres dits arabes

0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 constituent le système de numération le plus utilisé au monde. Contrairement à ce qui est dit, ses caractères ne sont à la base ni arabes ni indiens. Ils ont une source plus ancienne, qui est africaine.

Pour comprendre le présent article, nous invitons la lectrice et le lecteur à se documenter sur le caractère strictement noir et africain des Egyptiens anciens.

I : aux origines africaines des numéros

Le fait de représenter le chiffre un avec une simple barre est apparu en même temps que les mathématiques. C’est cette barre I qui donnera 1. L’attestation la plus ancienne du I et des mathématiques se trouve sur l’os de Lebombo. Cet os est vieux de 44 000 ans et a été découvert en eSwatini (ancien Swaziland).

La numération sur l’os de Lebombo avec une barre pour compter chaque unité. C’est aussi la première attestation des mathématiques dans l’histoire.

Ce système de numération fait de barres, qu’on retrouve encore de nos jours dans les chiffres romains, allait atteindre les Grands Lacs africains. L’os d’Ishango, vieux de 25 000 ans, en est la preuve.

L’os d’Ishango a été trouvé en RD Congo près de l’Ouganda, aux sources du Nil. Les chiffres et nombres y sont figurés par des additions de barres. L’os est aussi, la plus ancienne attestation de la connaissance des nombres premiers et de la duplication.

Ce système de numération primaire fut emporté par les peuples des Grands Lacs qui descendirent le Nil, pour bâtir la Nubie puis l’Egypte pharaonique.

L’Egypte

On voit ici les différents systèmes de numération égyptiens, vieux de 3000 à 5000 ans. Les hiéroglyphes (5e colonne) sont la plus ancienne forme d’écriture. De un à neuf, les chiffres hiéroglyphiques sont identiques à ceux d’Ishango. Le hiératique est une version simplifiée de l’écriture en hiéroglyphes. Le démotique (dit ici enchorial à la 3e colonne) est un deuxième niveau de simplification. 
Source : Manners and customs of ancient Egypt, John Gardner Wilkinson

A gauche on voit I, 2, 3, une forme primaire de 4. 9 apparait également si on le retourne de gauche à droite. Le six n’est pas très différent du 6. 7 au centre est utilisé pour le chiffre huit. Nous attirons également l’attention sur les caractères au centre et à droite que nous avons encerclés en rouge. Nous les retrouverons dans d’autres systèmes.

En mettant deux et trois en miroir puis en faisant une rotation de 90 degrés, on obtient 2 et 3. Le quatre donnera le 4 moderne. 9 est issu du neuf en miroir.
Six est à l’origine du 6 actuel.

Le zéro égyptien ci-contre, dit Nafooré. Ce hiéroglyphe hautement sacré avait plusieurs sens. On remarque le cercle ovale comme le 0 d’aujourd’hui, surmonté d’une croix.

Il y avait donc en Afrique pharaonique il y a 3000 ans au moins, huit des dix caractères chiffrés dits arabes et utilisés aujourd’hui. On dira six (0, I, 2, 3, 4, 9), si on on ne compte que les caractères les plus proches et qui reprennent les mêmes valeurs. Malgré cela, la version dominante prétend que ces caractères sont d’origine arabe et indienne.

Origine indo-arabe ?

Quand il est discuté de l’origine du 0 à 9, aucune mention n’est faite de l’Egypte; vu qu’il faut nier et rabaisser cette civilisation comme décidé depuis le 19e siècle, parce-que c’est une civilisation noire.

Officiellement, les chiffres arabes se baseraient sur la numération brahmi apparue en Inde il y a 2200 ans. Les Arabes auraient ainsi développé un système de numération – dit arabe oriental – au 7e-9e siècle. Ils auraient également fait naitre la première version du système arabe occidental du 0 à 9. Ce dernier apparaitrait au 10e-12e siècle entre le Maghreb et l’Espagne, alors sous domination arabe et noire berbère. De là il se rependra dans toute l’Europe puis la majeure partie du monde avec les invasions coloniales européennes.

Voici la généalogie supposée des chiffres dits arabes. Les chiffres arabes occidentaux sont ce que tout le monde connait aujourd’hui. Les chiffres arabes orientaux sont utilisés de nos jours dans la plupart du Moyen-Orient.
On voit très bien ici sur le système indien brahmi, comment on est passé du six égyptien au 6 moderne. La seule différence est un noeud en bas.
On voit que quatre des dix caractères de l’indien Gwalior sont égyptiens. Vous les retrouvez encerclés parmi les numéros égyptiens plus haut. Deux, trois et six sont quasi-identiques aux mêmes chiffres égyptiens. Même chose pour le deux et trois du Sanscrit, et possiblement le un.

La présence de caractères égyptiens en Inde s’expliquerait par l’origine dravidienne et égyptienne de la civilisation indienne. Une autre hypothèse serait la migration de prêtres égyptiens il y a 2500 ans, fuyant l’invasion perse de l’Egypte. Bouddha aurait été un de ces prêtres. Nous avons expliqué cela ici.

Les emprunts depuis l’Egypte sont plus flagrants pour la numération arabe orientale. Un, deux, trois, quatre et neuf sont identiques aux hiératiques. Le six reprend la forme du deux. La forme en V inversé est aussi d’origine égyptienne et présente, pour sa part, dans le Gwalior. Le plagiat depuis les hiératiques est direct. 
La première version des chiffres arabes occidentaux. I, 2, 3 et 9 sont d’origine égyptienne. 

On remarque que les Arabes n’ont développé ces numérations qu’à partir du 7e-9e siècle. C’est-à-dire après leur entrée en Afrique dans le cadre des invasions musulmanes. Ils n’ont pas créé cela tant qu’ils n’étaient que chez eux en Arabie.

Tout ceci pousse à penser que les chiffres arabes – orientaux et occidentaux – sont une copie des numérations égyptiennes, après l’entrée des Arabes en Egypte en 639. Une influence additionnelle des numérations indiennes semble être un fait. Ceci étant les numérations indiennes comme arabes, prennent leur origine fondamentale dans la numération égyptienne.

Pour nous résumer, nous pouvons avancer les étapes suivantes dans la naissance et la propagation de la numération :

  • La numération en barre apparait il y a 44 000 en Afrique (eSwatini).
  • Elle est encore confirmée il y a 25 000 ans (RD Congo).
  • Les Egyptiens, à partir de cet héritage ancestral, développent 0, I, 2, 3, 4, 9 ; mais aussi une forme primaire de 6 et le caractère 7.
  • Certains de ces caractères se diffusent en Inde. 
  • Les Arabes entrent en Afrique. Ils copient les numérations égyptiennes pour mettre au point les leurs. Ils s’aident également de caractères présents en Inde.
  • Les Européens copient à leur tour les caractères arabes occidentaux. Ils y apportent des changements, et les diffusent dans le monde.
Récapitulatif
Des dix chiffres, seuls deux (5 et 8), ne sont pas liés à l’Afrique.

Qu’en est-il de la fameuse tablette de Saqqarah ?

Il existe cette photographie supposée des dix chiffres dits arabes occidentaux, provenant de la pyramide de Saqqarah en Egypte.
Source :  the master book of mathematical recreations, Fred Schuh, pages 313-314

On ne sait toujours pas aujourd’hui si cette image sensationnelle, et censée vieille de 4700 ans, est authentique. Nous ne trouvons pas de traces dans la littérature de S. Kirederf, l’égyptologue et mathématicien qui aurait pris cette photo. Nous ne savons pas si d’autres fouilles ont été faites dans la pyramide pour localiser cette image.

Par ailleurs il y a 4700 ans, on est 1000 ans avant l’introduction du cheval et du chariot en Egypte figurés sur cette image. Il n’y a donc aucune preuve jusqu’à nos jours de l’authenticité de cette tablette. Les chiffres arabes sont d’origine africaine oui, mais les preuves sont autres que cette tablette ci.

Hotep !

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

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