L’Afrique et la présence des religions abrahamiques : le bilan en 5 points

Les religions dites révélées ou abrahamiques, c’est-à-dire le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, sont entrées il y a des siècles en Afrique et y comptent des millions d’adeptes. Quelles ont été leurs conséquences sur la trajectoire historique de notre continent ? C’est ce bilan que nous allons essayer de dresser.  

Nous invitons la lectrice et le lecteur, pour comprendre ce qui sera dit ici, à se documenter à travers nos articles précédents, sur les véritables origines du Judaïsme, du Christianisme et de l’Islam.

1. La mauvaise image des Africains de l’antiquité

Les 3 religions en question reprennent à des degrés divers les informations données par le Pentateuque, c’est-à-dire l’ensemble des cinq premiers livres composant la bible hébraïque ou Torah, et qui restitue, les lois et enseignements transmis par Moise au peuple juif.

Tous les peuples noirs anciens ne sont pas tout le temps diabolisés dans les écrits de ces religions, mais il y a des thèmes qui prédominent comme on va le voir.

La diabolisation des Égyptiens

C’est par cette source commune du Pentateuque que ces religions diabolisent toutes les Égyptiens anciens ; ceci en raison de la mise en esclavage supposée des Hébreux par les Égyptiens. Or comme nous l’avons montré, cette mise en esclavage n’a jamais existé et les Égyptiens, que l’historien grec Hérodote décrivait comme « les plus scrupuleusement religieux de tous les hommes » (II, 37) se seraient plutôt montrés protecteurs envers les Hébreux.

L’invention de cette histoire est probablement un sketch destiné à montrer que Dieu avait choisi les Hébreux au-dessus de la plus forte nation au monde de l’époque. Les raisons ici seraient la volonté de justifier le statut des Juifs en tant que peuple élu de Dieu.

La malédiction des Cananéens

Les ancêtres des Hébreux, originaires de Mésopotamie, sont arrivés au Proche-Orient en Canaan, pays peuplé de Noirs aux temps premiers. Ils y ont été accueillis les bras ouverts. Mais au fil des siècles, leur volonté d’avoir leur propre territoire, allait les amener à convoiter celui des Noirs cananéens-phéniciens. Ils inventeront ainsi la notion de terre promise par Dieu et la malédiction divine des Noirs (Cham) à travers les Cananéens (Genèse, 9, 8-27). Le but étant d’utiliser Dieu pour condamner les Cananéens à l’esclavage, et ainsi justifier leur extermination (livre de Josué) afin de prendre leurs terres.

Illustration de Josué, successeur de Moise d’après la Bible et qui s’apprête à entrer dans la terre promise (Canaan) avec son épée et son armée. Il agit sur ordre de son Dieu (l’Éternel des Armées), pour exterminer les Cananéens afin de leur voler leur terre.

La diabolisation des Sabéens

Si la malédiction des Noirs à travers les Cananéens n’est pas dans le Coran, celui-ci diabolise pourtant les Sabéens, premiers habitants noirs du sud de l’Arabie. L’Islam est né du plagiat de la Spiritualité Africaine des Sabéens. Les Arabes, arrivés plus tard dans la région, l’ont réinventée conformément à leurs mœurs patriarcales et guerrières. La nécessité d’imposer cette nouvelle religion, allait pousser les Arabes à diaboliser les Sabéens et la Spiritualité Africaine en général (Sourate 27, 22-44).

2. La naissance du racisme anti-noir

C’est cette malédiction judéo-chrétienne de Cham, qui a fait naitre le racisme contre les Africains, comme nous l’avons montré en détail dans notre article général sur le racisme. Cette légende de la malédiction de Cham est en filigrane depuis 2500 ans, dans tous les abus commis contre nous. Elle a été utilisée au fil des siècles, notamment pendant l’esclavage et la colonisation, pour détruire notre humanité.

3. Les armes spirituelles de l’impérialisme occidental et de l’impérialisme arabe

Conformément à leur philosophie guerrière, ces religions, pourtant bâties sur l’héritage noir, ont au cours de leur histoire, rejeté la perception africaine d’un Dieu fondamentalement bon, pour dessiner ou donner priorité à un Créateur à bien des égards violent, et aux services de leurs buts impérialistes.

C’est donc un Dieu guerrier, militaire, un « Éternel des armées » qui conduira l’Occident médiéval dans la mise en esclavage des Africains et la colonisation, et le monde arabe dans le Djihad contre les « infidèles et mécréants ».  

Le véritable but de ces guerres au nom de Dieu, était pourtant bel et bien l’enrichissement matériel par le crime. L’historien sénégalais Tidiane Ndiaye nous dit ainsi dans le Génocide voilé, page 95 « La diffusion de l’Islam n’était qu’un prétexte : le but essentiel de l’ex­pansion musulmane en Afrique était la recherche de l’or. Voilà pourquoi les premiers “mission­naires” de l’Islam qui se présentèrent aux portes du monde noir furent des missionnaires armés. » Cette soif de l’or est manifeste dans la quasi­-totalité des écrits arabes, jusqu’au pèlerinage de Mansa Moussa, empereur du Mali. Les esclaves ne deviendront importants que progressivement, pour supplanter le métal jaune. »

L’Europe pour sa part, après avoir officiellement créé le Christianisme au 4e siècle sous l’empire romain, le fera entrer par la violence en Afrique par l’Égypte, en y écrasant la Spiritualité Africaine. Le but étant de contrôler spirituellement les sujets de l’empire. C’est ce même but que poursuivront les États européens à partir du 15e siècle en allant violemment conquérir le monde. 

Du temps de la traite négrière européenne, il n’y avait pas de séparation entre l’Église et l’État en Europe. L’Église avait donc son mot à dire dans toutes les décisions que prenaient les États européens de ces époques. Les esclavagistes européens puis les colons, qui ont attaqué, brutalisé et pillé l’Afrique, l’ont fait aidés des missionnaires, avec la bénédiction de l’Église et de ses papes, à commencer par Nicolas V, à travers sa célèbre bulle de déclaration de guerre aux Noirs.

Si par la suite l’église a essayé de revoir sa position sur l’esclavage, l’utilisation du Christianisme pour les fins de la traite était déjà inarrêtable.

Le Christianisme et l’Islam sont de puissants outils psychologiques pour faire accepter aux Noirs les dominations des Blancs et des Arabes.

Jésus, Marie et les anges sont blancs, donc Dieu est blanc et les Blancs sont divins. La domination blanche est l’ordre indiscutable de Dieu. Allah, à travers son messager, parle en arabe à un Arabe en Arabie. Allah est donc arabe, les Arabes sont divins. La domination arabe est l’ordre indiscutable de Dieu.

C’est pourquoi l’Occident et le monde arabo-musulman ont commis tant de crimes contre nous, ont beaucoup de mépris envers nous, nous ont tous pris jusqu’à notre histoire, mais partagent généreusement leurs religions avec nous. 

4. La disparition du matriarcat africain

Le féminin dans la pensée africaine est une partie de Dieu comme le masculin, mais la femme est surtout l’incarnation de Maât, c’est-à-dire la loi divine. Cette perception fut le socle du statut égal à celui de l’homme, et fondamentalement même supérieur, accordé à la femme dans l’Afrique authentique. C’est cela le matriarcat africain. 

Les religions révélées quant à elles enseignent que la femme est un être impur, agent du mal, du diable et du péché par excellence (histoire d’Adam et Ève). Elles relèguent les femmes au rang de sous humains. Ces enseignements en Afrique ont complètement détruit le statut et la place de la femme noire. Les Africaines aujourd’hui sont partout discriminées. La disparition du matriarcat, pourtant le plus beau trait culturel du monde noir, est la conséquence la plus grave et la plus désolante des religions révélées sur la culture africaine.

Alors qu’en Afrique authentique la femme est Maât, dans la pensée nordique transmise à l’Afrique elle est le péché originel, le mal.

5. L’aliénation et la haine des Africains envers eux-mêmes

Les religions révélées sont fondées sur un rejet profond de l’identité africaine. C’est pourquoi elles enseignent au monde entier et à l’Africain aussi que la culture et les traditions africaines sont païennes et ne sont qu’une vaste diablerie organisée.

Les Africains convertis rejettent ainsi les traditions africaines, qu’ils qualifient souvent de sorcellerie et de satanisme, et vilipendent leurs ancêtres, surtout leurs glorieux ancêtres égyptiens civilisateurs de la Terre, qu’on traite de génocidaires. Ils rejettent leurs ancêtres alors que les Hébreux, Européens et Arabes qui leur ont pourtant apportés ces religions, rendent hommage à leurs propres ancêtres et les honorent en les appelant des saints (Sainte Jeanne d’Arc, Sainte Thérèse, Abraham, etc.).

Tout ceci pousse les Africains convertis à s’inventer des ancêtres juifs ou arabes, dire que l’Asie de l’Ouest (Moyen-Orient) c’est l’Afrique, dire que les religions révélées sont africaines, dire que les Hébreux et Arabes étaient en fait noirs. Toutes ces acrobaties intellectuelles mensongères ou trompeuses, ne sont qu’une volonté de s’appoprier les ancêtres « divins » des autres, après avoir été poussés par « les peuples de Dieu » à rejeter ses propres ancêtres.   

Fresque chrétienne en Espagne représentant le Noir comme personnification du diable et du mal. Cette vision diabolique du Noir implicite ou explicite (comme sur cette image) est commune à toutes les religions dites révélées. Il en résulte donc un Africain qui rejette son apparence, son histoire, sa culture, ses ancêtres, l’Afrique. Les religions révélées ont transformé les Noirs, premiers humains et civilisateurs de l’humanité, en des Êtres psychologiquement faibles, complexés, soumis et exploitables, serviteurs actifs ou passifs des ambitions impérialistes étrangères.

Les religions révélées ont-elles apporté quelque chose de positif à l’Afrique ? En toute objectivité, on pourra arguer qu’elles ont détourné les Africains des sacrifices humains, qui étaient le principal défaut de la Spiritualité Africaine, qui sont en voie de disparition et que les Africains devront veiller à retirer pour de bon de leurs cultes ancestraux.

Seulement les milliers de personnes non sacrifiés sont à comparer aux 400 à 600 millions de pertes humaines causées par la traite négrière européenne, la traite négrière arabe et la colonisation. Le bilan des religions révélées apparait donc aussi négatif sur ce point. 

Hotep!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction du texte de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Bible
  • Coran
  • Hérodote, livre II
  • Le Génocide Voilé, Tidiane Ndiaye
  • Alerte sous les tropiques, Cheikh Anta Diop
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