Les fondements du mariage en Afrique

Le Créateur sous sa forme féminine (Amenata) et masculine (Imana/Amen) en Egypte antique. On a là l’image du couple et du mariage idéal. Le Créateur est féminin et masculin partout en Afrique, à l’exemple encore de Mawu et Lyssa dans le Vodoun, Naba Wende et Napaga Tenga chez les Mossi, Nyomo et Naa chez les Ga

Qu’est-ce que le mariage traditionnel africain ?

Pour comprendre le mariage traditionnel africain, il faut savoir que dans la tradition, le Créateur tout en étant unique, possède dans sa nature divine la double nature mâle et femelle. Ces natures mâle et femelle fusionnent, ce qui permet au Créateur de créer tous les êtres.

Le mariage traditionnel africain c’est donc la fusion du principe mâle et du principe femelle pour ne former qu’un seul corps, afin de reproduire la nature du Créateur. En se mariant, les humains reproduisent physiquement et aussi spirituellement cette unité mâle et femelle du Créateur pour ne former qu’un seul corps.

En réalisant cette unité des principes mâle et femelle, les humains peuvent comme le Créateur créer, c’est-à-dire enfanter, des êtres mâle et femelle. Tout ceci explique pourquoi le mariage africain est important, divin et est sacré. Le couple ne formant qu’un à l’image du Créateur qui est unique, il devient indivisible comme le Créateur. C’est pourquoi le divorce est vu comme une issue à éviter absolument. En cas de problèmes, des médiations et tentatives de réconciliation sont vigoureusement entreprises.

Toutefois, en cas de force majeure, et s’il n’y a pas d’autre solution que de divorcer, le couple peut divorcer.

La société traditionnelle africaine, étant communautaire et non individualiste, le groupe prime sur l’individu. Et l’individu ne peut exister sans son groupe, sa famille. Ainsi, ceux qui se marient ne font pas que s’unir tous les deux. Ils unissent aussi leurs familles. Une fois mariés, l’homme entre dans la famille et la communauté de la femme. La femme entre dans la famille et la communauté de l’homme.

Qu’est-ce que la dot ?

Le mariage est scellé par un certain nombre de cérémonies, dont la plus importante est la dot.

La dot ce n’est pas l’achat d’une femme par un homme comme c’est imaginé et caricaturé en dehors de l’Afrique. La dot c’est tout simplement le pacte ou le gage qui scelle l’alliance entre l’homme et la femme, et l’union entre les familles et communautés dont les enfants se marient.

Le fait que la dot soit remise à la famille de la femme jusqu’à aujourd’hui encore, est un vestige de la tradition matriarcale de l’Afrique que nous avons expliquée ici, c’est-à-dire en raison du fait que la femme est vue comme ayant plus de valeur que l’homme.

Même dans le contexte actuel, pour les Africains, le mariage traditionnel est et reste le plus important. II est fondamental et il a plus de valeur symbolique que le mariage à la mairie, à l’église ou à la mosquée.

Les rôles des époux 

Dans le couple idéal, l’épouse doit remplir 3 fonctions vis à vis de son mari. Elle doit être pour lui comme une mère et prendre soin de lui comme elle le ferait avec son enfant. Elle doit être pour lui comme une sœur et avoir des rapports de sympathie avec lui. Elle doit être son amante et partager son intimité.

C’est la même chose pour l’homme. Il doit être père, frère et amant. C’est pourquoi souvent en Afrique, la femme peut appeler son mari papa et l’homme peut appeler sa femme mama.

Tout ce qui précède permet de comprendre que la tradition africaine n’est pas, à l’origine, une tradition de polygamie. C’est une tradition de monogamie à la base, puisque c’est l’union d’un homme et une femme qui formeront une seule chair. Ainsi ils reproduiront l’unicité du Créateur qui est femelle et mâle.

Si la tradition africaine est monogamique, alors comment est née la polygamie en Afrique ?

La polygamie en Afrique est attestée depuis l’antiquité dans la Vallée du Nil. Elle a été décidée par les élites dirigeantes au départ, pour résoudre les problèmes de société posés par le système monogamique originel africain.

Les cas de figures posant problèmes que les élites (nobles, notables, gouverneurs, etc..) ont tenté de résoudre par la polygamie étaient les suivants :

  • Dans une société où tout le monde est monogame, et les femmes étant plus nombreuses que les hommes, on constate qu’il y a des femmes qui ne sont pas mariées, ou qui ont du mal à trouver un mari. Les élites leur proposaient le mariage afin qu’elles ne soient pas les seules à être sans conjoints, sans enfants, sans descendance, et qu’elles ne soient pas objets de moqueries ou de déshonneur, à cause de leur situation dans la société.
  • Les élites proposaient le mariage à ces femmes aussi pour éviter des désordres sociaux. On devait faire en sorte que des femmes en besoin d’affection, n’aillent pas semer le désordre en détournant des hommes mariés.
  • Il y avait des cas de femmes qui avaient perdu leurs maris, notamment les épouses de soldats. Afin que ces femmes ne soient pas seules à supporter leurs charges de mère, les élites leur proposaient le mariage.
  • Dans  les cas où il y avait  des problèmes de stérilité venant de la femme, et si les traitements pour remédier à la stérilité n’avaient pas marchéla femme  pouvait  autoriser son mari à prendre une autre épouse, sans toutefois la quitter, afin que le foyer puisse avoir des enfants.
  • Au niveau du pouvoir royal aussi il existait une forme de polygamie politique. Le roi, en plus de sa grande épouse officielle, prenait pour des raisons stratégiques et politiques, des épouses dans chaque région de son empire ou son royaume, ou dans certaines régions clés, afin de renforcer les liens, les alliances et sa suzeraineté.
  • Cette polygamie des élites et des leaders était donc pratiquée et pensée pour résoudre des problèmes de fonctionnement de la société. A cet effet, les élites, nobles, dignitaires, en tant que dirigeants, étaient en général ceux qui décidaient entre eux qui pouvait ou non, prendre une épouse supplémentaire. 

Cela se faisait pour ces hommes, aux conditions suivantes :

  • Ceux  parmi les élites, qui  acceptaient de pratiquer la polygamie devaient avoir les moyens matériels de le faire, comme une maison assez grande pour accueillir une épouse supplémentaire.
  • Dans les sociétés progressistes, ceux qui avaient les moyens de le faire devaient consulter leur première épouse et avoir leur accord.
  • Il fallait aussi l’accord de celle qui allait être la nouvelle épouse.

Ces coutumes instituées il y a longtemps sont parfois restées encore dans les milieux d’élites coutumières aujourd’hui. C’est ainsi qu’on peut parfois proposer dans certaines régions du continent, à quelqu’un dont les ancêtres étaient des élites dans les anciens royaumes africains, d’avoir plusieurs femmes, de façon à perpétuer cet héritage ancestral.

En Afrique de l’ouest, avec l’entrée de l’islam au 11e siècle, on a vu une ouverture de la polygamie aux non-nobles. Probablement, une mauvaise lecture du Coran a fait croire à beaucoup que l’islam permettait à tout le monde sans distinction d’être polygame. 

Avec le temps, la polygamie a commencé à être ouverte à tous les hommes qui en avaient les moyens, même ceux qui n’étaient pas de la noblesse, et ceci même dans les sociétés restées animistes. Mais cette polygamie ne fut jamais le fait de tous les hommes. Ce qui est numériquement impossible même. Si chaque homme par exemple avait 2 épouses seulement, il faudrait 2 fois plus de femmes dans la société que d’hommes. Ce qui évidemment est très loin d’être le cas.

Pour les hommes qui voulaient être polygames, cela instaurait automatiquement une competition. Seuls les nobles et les hommes ayant les moyens pouvaient donc être polygames. Monogamie et polygamie ont ainsi coexisté depuis l’antiquité. 

Ce qu’il faut retenir de cet article :

  • Le mariage est l’union des principes femelle et mâle du Créateur
  • Le mariage a pour but de faire un seul corps qui va créer des Etres
  • La dot est le mariage, l’alliance entre les époux et leurs familles
  • La mariage est monogamique à la base
  • La polygamie a été conçue pour régler ce qui était vu comme le problème des femmes célibataires
  • Pratiquée au depart par les elites, la polygamie s’est ouverte aux non-nobles qui en avaient les moyens
  • La monogamie et la polygamie ont coexisté depuis l’antiquité 
Couple, Égypte antique

Hotep !

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

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