Julian Abele, l’architecte noir qui contribua à bâtir Philadelphie

1976. Le film Rocky avec Sylvester Stallone est un succès mondial. Emblématique du long métrage est la scène où Rocky monte les 72 marches du Philadelphia Museum of Art et atteint – conquérant et les bras levés – le sommet en signe de victoire contre l’adversité. Il faudra attendre 10 ans après la sortie du film, pour que le public sache que le Musée et ses célèbres marches, sont une des très nombreuses œuvres, d’un architecte noir prolifique et occulté.

Julian Abele

Julian Francis Abele nait en 1881 à Philadelphie au sein d’une famille africaine-américaine, chrétienne et riche. Elève brillant et précoce, il maitrise les mathématiques et remporte de nombreux prix en architecture. Seul étudiant noir dans le domaine à l’Université ségréguée de Pennsylvanie, il lui est interdit de manger dans la cafétaria et de s’établir dans les dortoirs. Mais son excellence et les prix qu’il continue à remporter forcent le respect, et lui valent de devenir président de la Société d’architecture de l’Université.

Abele au milieu, président de la Société d’architecture de l’Université de Pennsylvanie

Il est diplômé à 21 ans et engagé par Horace Trumbauer, architecte de premier rang. Son employeur finance son long séjour en Europe, où Abele aurait pris des courts aux Beaux-Arts de Paris et fut influencé par le style architectural de la renaissance, et surtout par l’architecture gréco-romaine – elle-même on le rappelle – d’origine noire égyptienne.

Retourné à Philadelphie, Abele devient la 2e personne la mieux payée au sein de la firme Traumbauer. Homme effacé, il va essentiellement travailler dans l’ombre, les clients blancs ne voulant pas avoir affaire à un Noir. Il va pourtant faire parler tout son talent pour façonner la ville de Philadelphie et plus largement l’Est des États-Unis.

Le savant noir construit des écoles, des églises, des hôtels, des maisons de l’élite bourgeoise, des banques, des mausolées. Travaillant le bronze, le cuivre, la céramique, les métaux précieux etc… il fournit aussi des pièces de décoration intérieure.

Julian Abele conçoit la Wiedener Memorial Library de la prestigieuse université de Harvard. A Philadelphie il construit la Philadelphia Free Library et le Philadelphia Museum of Art. Son œuvre la plus importante concerne la renommée Université Duke en Caroline du nord, fondée en 1928, et souvent comparée à Harvard pour ses résultats.

Vu son impact sur la naissance de l’université, Abele dira – modeste – « les lignes (de Duke) sont de Trumbauer mais les ombres sont miennes ». Il conçoit 3 bâtiments du campus de l’université ségréguée d’alors, incluant le Cameron Indoor Stadium qui est à ce jour une des enceintes sportives les plus révérées du pays.

Julian Abele meurt en 1950 d’une crise cardiaque, au terme d’une entreprise colossale qui l’aura vu concevoir près de 400 bâtiments dans l’Est des États-Unis. Peu honoré de son vivant, c’est son arrière grande-nièce Susan Cook, lors d’un discours dans un rassemblement à Duke contre l’apartheid en 1986, qui fait connaitre le rôle de son glorieux ancêtre dans l’édification de l’Université. Depuis Julian Abele est tenu en étendard par Duke et par la ville de Philadelphie.

Le Philadelphia Museum of Art avec les fameuses Rocky Steps (marches de Rocky)
Philadelphia New Library
Widener Memorial Library, Harvard
Duke University
Cameron Indoor Stadium,
Duke University

Hotep

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Black Past
  • Smithonian
  • Wikipedia
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