Le colloque du Caire de 1974 : l’UNESCO reconnait que les Égyptiens étaient noirs

Oui, en 1974, l’Unesco reconnaissait que l’ethnicité ou race des Egyptiens anciens était noire, et que l’Egypte appartenait strictement au monde africain.

Le colloque international qui a abouti à cette conclusion a marqué à jamais l’historiographie africaine. Du 28 janvier au 3 février 1974 au Caire en Egypte, à 2 contre 18, Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga faisaient plier toute l’Egyptologie dominante et rendaient les pharaons au monde noir. Bref retour sur cet événement planétaire qui est pourtant méconnu du grand public.

Pourquoi s’est tenu le colloque du Caire ?

Le colloque du Caire s’est tenu dans le cadre de la rédaction de l’Histoire de l’Afrique par l’UNESCO. Autrement dit, l’UNESCO faisait un travail de rédaction de l’histoire du continent en plusieurs tomes, et à un moment la question qui s’est posée à l’UNESCO était schématiquement la suivante : Doit-on classer l’histoire de la civilisation égyptienne dans le cadre de l’histoire africaine oui ou non ?

Unesco Egyptiens pharaons race noire

Pour pouvoir classer la civilisation pharaonique dans le contexte africain, il fallait donc prouver scientifiquement que l’Egypte ancienne, par sa culture, sa langue, et aussi par le peuple qui l’habitait, appartenait au monde africain.

Pourquoi fallait-il le prouver ?

Il fallait le prouver car la falsification des égyptologues avait déjà frappé en construisant plusieurs mensonges. Et à cause des falsifications, il y avait donc 3 camps :

  • Le premier, et le camp le plus important, était celui des chercheurs et spécialistes occidentaux. Selon eux, le peuple qui avait créé la civilisation pharaonique était un peuple blanc venu d’Europe, qui avait atterri en Afrique pour créer cette civilisation, tout en bronzant et en se métissant avec des éléments africains (noirs), au fil du temps. Par conséquent selon ce camp, le peuple égyptien était un peuple d’origine blanche européenne, et que les teintes et les couleurs de peau sombres ou noires qu’il est possible de voir sur les fresques pharaoniques, n’étaient que les résultats d’un métissage.
Scène tirée d’un film fait par les Occidentaux au sujet de la civilisation pharaonique, où ils utilisent toujours des types humains blancs ou à peau claire pour jouer les rôles des Egyptiens.
  • Le deuxième camp était le camp des chercheurs orientalistes ou des spécialistes des civilisations dites orientales. Selon ce camp, le peuple pharaonique était venu d’Asie de l’ouest pour créer cette civilisation sur le sol africain.
  • Le troisième camp (et le dernier) était celui de ceux qui disaient que la civilisation égyptienne était une civilisation noire, créée par des Noirs et appartenait au monde africain. C’était la ligne incarnée par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga, et aussi le camp le plus contesté par les orientalistes et les chercheurs occidentaux. Ces derniers véhiculaient déjà à l’époque à travers leurs médias – comme ils le font encore aujourd’hui – toutes sortes de désinformations afin de faire croire que la civilisation égyptienne n’était pas noire.
Ousiré (Osiris), le grand noir (un de ses noms dans les textes pharaoniques), assis sur le trône divin.

Face à cette situation avec 3 camps qui disaient 3 choses différentes, il fallait trancher définitivement sur des bases rigoureusement scientifiques. C’est pourquoi l’UNESCO, à l’initiave de Cheikh Anta Diop, a organisé Le colloque international d’égyptologie du Caire et y a fait venir tous les plus grands spécialistes et leurs délégations, afin de les confronter. C’est ainsi que Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga se sont retrouvés à ce colloque.

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Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga

Le colloque s’est tenu sur la question du peuplement de l’Egypte ancienne et du déchiffrement de l’écriture méroitique. Mais le problème de fond qui intéressait tout le monde, c’était de savoir :

Qui était le peuple égyptien ? Était-il noir ou pas ?

Vingt spécialistes, cinq observateurs et deux représentants de l’UNESCO appartenant à quatorze nations différentes se sont penchés pendant de longues heures et pendant plusieurs jours sur cette question.

Spécialistes: 

  • A. M. ABDALLA, Department of History, University of Khartoum, Soudan
  • A. Abu BAKR, Université du Caire, Égypte
  • N. BLANC, École Pratique des Hautes Études, Paris, France
  • F. DEBONO, expert UNESCO, Centre de documentation sur l’Égypte ancienne, Malte
  • J. DEVISSE, Université Paris VIII, Paris
  • CHEIKH ANTA. DIOP, Université de Dakar, Sénégal
  • G. GHALLAB, Institute of African Research and Studies, Université du Caire, Égypte
  • L. HABACHI, Oriental Institute, University of Chicago, États-Unis
  • R. HOLTOER, University of Helsinki, Finlande
  • S. HUSAIN, Egyptian Organization of Antiquities, Le Caire, Égypte
  • J. GORDON-JACQUET, c/o Institut français d’archéologie orientale du Caire, États-Unis
  • W. KAISER, German Institute of Archaeology du Caire, République Fédérale d’Allemagne
  • J. LECLANT, Université Paris-Sorbonne, Paris
  • G. MOKHTAR, Direction du Service des Antiquités, Égypte
  • R. EL NADURI, Faculty of Arts, Alexandria, Égypte,
  • THEOPHILE OBENGA, Professeur Université Marien N’Gouabi, Brazzaville, Congo
  • S. SAUNERON, Institut français d’archéologie orientale du Caire, France
  • T. SÄVE-SÖDERBERG, Université d’Uppsala, Suède
  • P. L. SHINNIE, Department of Archaeology, University of Calgary, Canada
  • J. VERCOUTTER, Institut de papyrologie et d’égyptologie de l’Université de Lille

Observateurs :

  • V. L. GROTTANELLI, Institut d’ethnologie, Université de Rome, Italie
  • S. HABLE SELASSIE, Department of History, Haile Selassie I University, Éthiopie
  • F. H. HUSSEIN, Department of Physical Anthropology, National Research Center, Le Caire, Égypte
  • L. KAKOSY, Department of Ancient Oriental History, Université de Budapest V, Hongrie
  • P. A. DIOP, journaliste du quotidien sénégalais Le Soleil, Dakar, Sénégal

Représentants de l’UNESCO :

  • M. GLÉLÉ, Division des études des cultures
  • Mme MELCER, Division des études des cultures 

Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga étaient les seuls parmi toutes ces personnes présentes à dire que la civilisation pharaonique était une civilisation noire. Ils étaient juste deux pour représenter l’Afrique, contre tous les 18 autres savants.

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Photo prise lors du colloque du Caire en 1974. On y voit des chercheurs et savants occidentaux lors d’une des séances de travail.

Pour prouver que la civilisation égyptienne était une civilisation africaine, Il ne s’agissait pas de prouver simplement que le peuple pharaonique avait la peau noire. Il  fallait aussi prouver que le peuple égyptiens :

  • Parlait des langues africaines.
  • Possédait une culture, des coutumes et des traditions africaines.

Pour prouver tout cela scientifiquement, il fallait s’appuyer sur de nombreuses  disciplines telles que l’archéologie, l’anthropologie, la biologie, la chimie, la géographie, la linguistique, etc… et utiliser les méthodes de tous ces domaines. C’était donc un travail d’études et de recherches intense qu’il fallait faire et un combat scientifique au plus haut niveau qui puisse être. 

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Cheikh Anta Diop utilisant un tableau pour effectuer une démonstration lors de ce colloque

C’est donc à ce combat scientifique de longue haleine que Cheikh Anta Diop et Obenga se sont livrés durant ce colloque.

Le Pr Obenga, lors d’une conférence donnée à Kinshasa en Juin 2012, raconte dans la suivante vidéo le Colloque 

A l’issue du colloque scientifique, ce sont les travaux de Cheikh Anta Diop et de Théophile Obenga, disant que la civilisation pharaonique était une civilisation africaine, qui ont triomphé. C’est pourquoi dans la conclusion générale du rapport final  de ce colloque, il est écrit que :

«La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga n’a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l’UNESCO (voir annexe 3), une contrepartie toujours égale. Il s’en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions».

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Le rapport final du Colloque du Caire de 1974 détenu par L’UNESCO (première édition).

Autrement dit lorsque, Diop et Obenga faisaient scientifiquement leurs démonstrations sur le caractère noire de la civilisation égyptienne, les autres savants malgré leur nombre important et toutes leurs compétences, n’ont pas pu contester leurs arguments massifs, ce qui a créé un véritable déséquilibre dans les débats scientifiques.

Grâce au combat scientifique livré par les professeurs Diop et Obenga, cela fait donc bientôt 50 ans que la science a montré de façon sure que la civilisation pharaonique est une civilisation noire. Cela fait donc bientôt 50 ans que la science a rendu son verdict. Cela fait donc bientôt 50 ans que la communauté scientifique internationale sait de façon sure que la civilisation pharaonique n’est ni blanche, ni orientale, etc… mais bel et bien une civilisation noire, une civilisation africaine. Et toutes les recherches sérieuses qui s’effectuent au fil du temps, ne font que confirmer que la civilisation égyptienne était une civilisation noire.

Tuanga Imana (Toutankhamon) et sa femme la reine Ankh-Sen-Imana, tous deux enfants d’Akhenaton et de Nefertiti

Les actes du colloque existent jusqu’à aujourd’hui et sont détenues par L’UNESCO, mais les ennemis de l’Afrique, battus, passent ce colloque sous silence et font comme si cette réunion au plus haut niveau qui puisse être, n’a jamais eu lieu. C’est la  raison pour laquelle beaucoup, Africains y compris, continuent encore aujourd’hui à se poser des questions sur l’origine de la civilisation pharaonique, alors que cette question a déjà été résolue par la science il y a bientôt 50 ans aujourd’hui.

Si les Occidentaux et les Orientaux continuent à mentir encore aujourd’hui à travers les médias, ou dans des  livres pseudo-scientifiques, des documentaires, etc… sur la civilisation égyptienne, c’est pour des raisons qui n’ont rien à avoir avec la science ou la vérité.

Pour notre part, souvenons-nous de ce colloque  comme d’un moment où la Maât (Vérité, Justice, ordre, etc..) a triomphé sur Isfet (désordre, mensonge, mauvaises  voies). Célébrons ce moment où Cheikh Anta Diop et Obenga ont accompli un travail immense pour l’historiographie africaine. Célébrons ce moment où deux fils du continent ont à eux seuls fait triompher la terre de leurs ancêtres de manière éclatante à la face du monde !

Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga ont fait triompher la Maât (Verité, Justice, ordre, etc..) lors de ce colloque.

Cheikh Anta Diop disait ainsi :

«Aujourd’hui encore, de tous les peuples de la terre, le noir d’Afrique, seul, peut démontrer de façon exhaustive, l’identité d’essence de sa culture avec celle de l’Égypte pharaonique, à tel enseigne que les deux cultures peuvent servir de systèmes de référence réciproques. Il est le seul à pouvoir se reconnaître encore de façon indubitable dans l’Univers culturel égyptien; il s’y sent chez lui; il n’y est point dépaysé comme le serait tout autre homme, qu’il soit indo-européen ou sémite. Autant un Occidental, aujourd’hui encore, en lisant un texte de Caton, ressent l’écho de l’âme de ses ancêtres autant, la psychologie et la culture révélées par les textes égyptiens, s’identifient à la personnalité nègre. Et les études africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent pour retrouver tout leur sens et toute leur fécondité qu’en s’orientant vers la vallée du Nil » (Cheikh Anta Diop, Antériorité des Civilisations Nègres, p.12).

Et rappelons-nous cette recommandation du Pr Diop :

«A connaissance  égale, la vérité triomphe. Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (…) et arrachez votre patrimoine culturel».

Et rendons hommage à tous les chercheurs africains qui font œuvre de science et qui mettent leur science au service du continent et leurs connaissances au service du monde noir, comme l’ont fait Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga.

Hotep!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Le peuplement de l’Egypte ancienne et le déchiffrement de l’Ecriture Méroitique, Actes du colloque tenu au Caire du 28 janvier au 3 février 1974        
  • http://www.ankhonline.com/revue/colloque_egyptologie_caire_1974.htm
  • Jean Phillipe Omotunde, les Racines Africaines de la Civilisation Européenne Vol 2
  • Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations Nègres, Mythe ou Vérité Historique ?
  • Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et Culture
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