L’orientation du monde dans la pensée africaine

Depuis que nous sommes nés, nous avons eu l’habitude de voir le monde et les continents dans une position donnée. Mais cette carte du monde que nous avons actuellement, d’où nous vient-elle ?

En fait la carte de l’Afrique et du Monde que nous avons actuellement est une carte reproduite à l’infini sur le modèle de celle dessinée pour la première fois par un mathématicien, cartographe et géographe européen du 16ème siècle, du nom de Gerard Kremer alias Gerard Mercator.

Gerard Mercator
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Carte reproduite sur le modèle de celles dessinées par Mercator

Il convient de souligner que les cartes reproduites par les Européens sur le modèle de Mercator n’étaient pas réalisées dans un souci de représenter le monde tel qu’il est en vérité. Cette carte ne respecte donc pas la taille réelle des continents, un de ses principaux buts étant de representer les trajets maritimes.

A l’époque où ces cartes furent dessinées, l’Europe, au gré de l’accaparement des terres amérindiennes, la mise en esclavage des Africains puis la colonisation, était en pleine période de renaissance, avait parcouru le Monde avec ses « explorateurs », etc.. et était en train de prendre son envol. Ces cartes étaient donc faites aussi de façon à afficher la supériorité des Occidentaux sur les autres parties du Monde. C’est pourquoi l’Europe et l’Amérique du nord sont en haut et les regions non-occidentales, « inférieures » et en bas, sont représentées avec des tailles plus petites qu’elles ne le sont.  

Mais nos ancêtres ne voyaient pas le continent comme on le voit aujourd’hui

L’archéologie révèle que l’humain est né en Afrique, plus précisément en Afrique australe et dans la région des Grands Lacs, c’est-à-dire aux sources du Nil. Le Nil prend sa source dans la région des Grands Lacs et se jette dans la Méditerranée. C’est de cette region d’où sont sortis nos ancêtres communs. 

C’est donc à partir de ces régions d’origine (Grands Lacs, Afrique australe) que l’humain s’est d’abord orienté. 

Cela même est confirmé par les textes pharaoniques où on voit que la civilisation égyptienne considérait ces régions comme la terre sainte. Dans les textes pharaoniques, nos ancêtres de la vallée du Nil appelaient ces régions Ta Ntjer, ce qui signifie la Terre de Dieu (Imana/Amen), et s’y rendaient en pèlerinage. 

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Nos ancêtres de la vallée du Nil connaissaient très bien cette montagne (le Kilimandjaro) qui se situe dans la région des Grands Lacs. Pour eux, elle était la montagne sainte, la montagne sacrée de Dieu (Imana/Amen).  Ils l’appelaient la « montagne de Manou » (Livre des Morts), ou encore « la pyramide sacrée qui abrite le ka divin pour l’Éternité » (Livre de ce qu’il y a dans l’Amdouat). C’est donc probablement en s’inspirant de la forme imposante des montagnes que nos ancêtres ont mis au point l’idée des pyramides et ont bâti les pyramides.

Pour arriver en Nubie puis en Egypte, nos ancêtres, partis des Grands Lacs, ont descendu le Nil. Les regions hautes, saintes et originelles sont donc en haut et le Nil coule de ces regions vers le bas. 

C’est pourquoi le sud actuel de l’Egypte est en fait le nord (Haute-Egypte) et le nord actuel est en fait le sud (Basse Egypte). Le discours dominant reprend ces notions anciennes de Haute Egypte et Basse Egypte mais avec une carte qui ne correspond pas. 

La Haute Égypte et la Basse Égypte telles que pensées par les Egyptiens, mais ici avec l’orientation eurocentreé de Mercator. On voit bien que ça ne concorde pas.
Le Nil
Avec l’orientation actuelle, on pourrait rapidement croire que le fleuve part de la Méditerranée et descend vers les Grands Lacs

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Tout redevient logique lorsqu’on inverse la carte. Les regions saintes et supérieures des Grands Lacs et de l’Afrique australe sont en haut. Le Nil coule de ces regions vers le bas. La Haute-Egypte est au dessus de la Basse-Egypte. Voilà Kmt, Kemet, Kamita, Kama, c’est-a-dire le Pays Noir ou le Pays des Noirs, terre de nos aïeux.

Nos ancêtres ayant civilisé de nombreux peuples, cette vision du monde a perduré pendant longtemps dans le monde.

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Carte du 12 ème siècle réalisée par l’arabe Al-Idrisi, selon ces normes très  anciennes. On voit l’Europe en dessous de notre continent
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Carte réalisée par le français Nicolas Desliens en 1566 conservée à la bibliothèque nationale de France. Ce sont les dernières cartes de ce genre. 

Les régions que nous appelons donc Sud aujourd’hui étaient considérées comme le Nord par nos ancêtres. C’est possiblement pourquoi, en Afrique dite du Sud actuelle, on a encore aujourd’hui un peuple situé là bas qui s’appelle le peuple du Ciel, c’est-à-dire le peuple Zulu. En effet Zulu signifie ciel et se réfère à ce qui est en haut. Si on tient compte de la vision géographique de nos ancêtres, on comprend donc pourquoi les Zulu sont en haut (en fait au Nord extrême) du continent.

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Femmes issues du peuple du Ciel, c’est à dire le peuple Zulu.
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La projection du monde selon le révérend écossais James Gall. Elle date du 19eme siècle, et reprend la vision du monde européenne, mais conteste sur des bases scientifiques les proportions inexactes des continents de la version officielle (Version Mercator) et se base sur la taille réelle des continents. Cette carte est donc plus proche de la réalité en ce qui concerne les tailles réelles des blocs continentaux du monde. Au 20eme siècle, cette carte fut reprise et améliorée par l’allemand Arno Peters. Cette carte est donc souvent appelée projection de Peters ou projection de Gall-Peters. On peut voir ici à quel point l’Afrique est en réalité gigantesque. 

Chaque peuple représente le monde selon son positionnement géographique, sa perception du monde, ses intérêts. Ce qui signifie que tous les peuples ne peuvent pas voir la terre sous le même angle. Il n’est donc pas normal que les Africains possèdent la même carte du monde que les Européens, comme c’est le cas actuellement.

Voilà pourquoi le courant afrocentrique dans un souci de retour aux valeurs ancestrales, reproduit la carte de l’Afrique et du monde « à l’inverse » pour montrer son attachement à la vision du monde de nos ancêtres.

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Voilà à quoi devraient ressembler les cartes de l’Afrique et du Monde utilisés par les Africains dans un futur proche et lointain.

A noter enfin que l’Est et l’Ouest ne changent pas avec la carte africaine. La Somalie se situe toujours à l’est et le Senegal à l’ouest. Le soleil se lève toujours à l’est, ici la Somalie et se couche à l’ouest, ici le Senegal. Ce qui change est que l’Est est situé désormais à gauche sur la carte et l’Ouest à droite.

Hotep

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • – Projection de Mercator
  • – Projection de Gall Peters
  • – Tabula Rogeriana
  • – Livre de ce qu’il y a dans l’Amdouat
  • – Formules efficaces pour la fusion dans la lumière divine (Livre des Morts)
  • http://gallica.bnf.fr/
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