Laurent Gbagbo, le combat pour la liberté et la dignité

La crise politico-militaire ivoirienne est, depuis les années 90, un des événements les plus marquants en Afrique. Un homme la symbolise, c’est le président Laurent Gbagbo. Qui est-il ? Encensé par les uns, critiqué par les autres, il a une histoire mal connue du grand public. C’est de cet homme, figure centrale de cette crise, dont nous allons vous parler.

Aux origines d’un engagement

Koudou Laurent Gbagbo est le fils aîné d’une famille très modeste, en d’autres termes, il est ce qu’on appelle communément un fils de pauvre. Il est né à l’époque coloniale le 31 mai 1945 dans le village de Mama, petit village faisant partie de la région de Gagnoa, d’où son surnom de Woody de Mama, comprenez par là l’homme fort de Mama, surnom que lui donnent la plupart de ses compatriotes.

Son père Zepe Paul Koudou Gbagbo, est un militant de tendance socialiste au sein de la SFIO à l’époque (Section Française de l’Internationale Ouvrière) et fait partie de ce qu’on appelle communément les corps habillés (gendarmerie, police, etc.….). Son père fut enrôlé d’ailleurs dans les troupes africaines parties libérer la France comme tirailleur durant la deuxième guerre mondiale.

Laurent Gbagbo et sa mère

Vu les orientations de son père, on comprend qu’il grandit très tôt dans un univers baigné d’idéologie et d’idéaux politiques. Apres sa formation scolaire en Côte d’Ivoire, il va en France à Lyon à environ une vingtaine d’années, pour poursuivre des études en lettres classiques.

C’est durant ce séjour en France que son destin politique se précise puisqu’il commence à fréquenter les mouvements de tendance politique des Africains et des Français en France. Il y rencontre une jeune française du nom de Jacqueline Chamois, qui deviendra sa première épouse et qui lui donnera son premier enfant, Koudou Michel Gbagbo.

Parti en France pour des études de langues, il change de branche et s’oriente progressivement vers l’étude de l’histoire, et retourne en Côte d’Ivoire compléter son cursus.

Gbagbo, le père du multipartisme et de la démocratie

En Côte d’Ivoire, à cette époque, la démocratie existe dans les textes de loi, mais n’est pas appliquée par le régime du président Houphouët Boigny. Le premier président de la Côte d’Ivoire prône le parti unique (PDCI), interdit le multipartisme et persécute toute forme d’opposition, d’opposant ou de concurrent. Laurent Gbagbo intègre des mouvements d’étudiants opposant.

Ces groupes estudiantins militent pacifiquement (dialogues, meetings, grèves, etc..) pour l’avènement du multipartisme et d’une véritable démocratie dans le pays. Ce militantisme conduira Laurent Gbagbo à ses premières arrestations et mises en prison, intimidations et menaces.

Laurent Gbagbo, jeune contestataire en état d’arrestation

Laurent Gbagbo continue son combat dans la clandestinité. Les étudiants constituant une gêne pour le pouvoir en place sont envoyés en France pour poursuivre leurs études, dans ce qui est en réalité une mesure d’éloignement. Laurent Gbagbo est cette fois ci à Paris et en profite pour y obtenir une Maitrise d’Histoire. Retourné au pays, il travaille dès 1970 comme professeur d’histoire et entre définitivement en politique.

Son engagement au sein d’un Syndicat (le SYNARES) le conduira en mars 1971 à être arrêté, puis emprisonné à Séguéla et à Bouaké. A sa sortie en 1973, avec ses compagnons, il poursuit ses activités politiques toujours en clandestinité. C’est durant ces années 70 qu’il fait la rencontre de Simone Ehivet, alors étudiante et militante politique clandestine, qui deviendra plus tard son épouse, Simone Ehivet Gbagbo.

Laurent Gbagbo et sa camarade politique Simone Ehivet qui deviendra plus tard son épouse

En 1974 parallèlement à ses activités politiques clandestines, il est enseignant chercheur à l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africaine (IHAAA). En 1979, il soutient sa thèse de Doctorat en histoire sur la politique en Côte d’Ivoire, et devient directeur de l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africaine (IHAAA) en 1980. En mars 1982, il crée clandestinement en compagnie de Simone Ehivet et d’autres compagnons de lutte son parti politique, le front du peuple ivoirien (FPI).

Pour échapper aux persécutions, Laurent Gbagbo s’exile en France pour porter son combat à l’international, se faire connaitre officiellement comme homme politique et développer son réseau.

Laurent Gbagbo en France avec sa compagne Simone Ehivet, historienne et linguiste. Leurs parcours politiques seront dès lors inséparables. 

Il utilise cette période pour développer son réseau, faire des conférences, écrire des livres, expliquer ses idées, ses projets d’une alternance démocratique dans son pays, etc… sa popularité augmente à l’étranger comme en Côte d’Ivoire. Pendant ce temps en Côte d’Ivoire et dans la diaspora ivoirienne, la contestation contre le système du président s’amplifie. Le 13 septembre 1988, Laurent Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire pour continuer son combat pour l’alternance démocratique et le multipartisme. Il est à nouveau victime de persécutions.

Laurent Gbagbo et Simone Ehivet en état d’arrestation le 02 Décembre 1988

Après avoir divorcé de Jacqueline Chamois, Gbagbo épouse en deuxièmes noces Simone Ehivet en 1989. Ils auront 3 filles.

Au début de l’année 1990, la contestation estudiantine gagne en dynamique. Au mois d’avril 1990, le FPI de Laurent Gbagbo, en première ligne du combat, en profite pour forcer la main au régime et obtient la reconnaissance du parti. Cet acte marque de facto l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire. Puisqu’il a réussi là où d’autres avant lui avaient échoué face à Houphouët, Laurent Gbagbo est considéré en Côte d’Ivoire comme le père du multipartisme et de la démocratie, le premier et le plus ancien opposant politique de son pays.

La conquête démocratique du pouvoir

Laurent Gbagbo se présente comme candidat à l’élection présidentielle du 28 octobre 1990 face au président Houphouët. Pour la première fois, Houphouët a un opposant.

Laurent Gbagbo l’opposant historique reçu par le président Felix Houphouet Boigny au début des années 1990.

Avec 18% des suffrages officiellement, Gbagbo perd l’élection présidentielle contre Houphouët Boigny. Il devient le chef de l’opposition et son parti gagne 9 sièges sur 175 durant les élections législatives qui suivent (élections du 25 novembre 1990). Le 18 février 1992, à la faveur d’une marche de protestation pacifique organisée par son parti, Laurent Gbagbo, sa femme Simone Gbagbo, et d’autres cadres de leur parti sont arrêtés, tabassés et jetés en prison tandis que leur marche est dispersée par le pouvoir en place, qui a alors pour premier ministre depuis 1990 un certain Alassane Ouattara, technocrate parfait inconnu à cette époque sur la scène politique ivoirienne.

Condamné à deux ans de prison le 6 mars 1992, Gbagbo sera libéré la même année, au mois d’Aout. A la tête de son parti, il continue de lutter pour les avancées démocratiques.

Laurent Gbagbo lors d’un meeting  après sa sortie de prison

En décembre 1993 c’est la mort du président Houphouët Boigny. C’est à ce moment qu’il est possible d’observer les premières luttes de pouvoir entre des héritiers du camp Houphouët, notamment le premier ministre (c’est-à-dire Ouattara), qui tente d’user de la vacance du pouvoir, pour prendre les rênes du pays, mais échoue car c’est le président de l’assemblée nationale d’alors, Henri Konan Bédié, qui assurera l’intérim de la présidence de 1993 à 1995 après la mort d’Houphouët Boigny.

En 1994, sous l’ère Bédié, les instances du pouvoir entreprennent une réforme du code électoral aboutissant au concept d’Ivoirité, qui stipule que n’est ivoirien que celui/celle dont les 4 grands-parents sont nés en Côte d’Ivoire. C’est donc le président Bédié qui fut à l’origine du concept de l’ivoirité, qui entraînera une vague de xénophobie et de discrimination dans le pays.

Il convient de rajouter à cela que c’est Alassane Ouattara qui lorsqu’il était premier ministre sous Houphouët Boigny, a institué la carte de séjour pour les non-ivoiriens, contraignant la libre circulation de ceux-ci, dans un pays qui – du faite de sa relative bonne situation économique – a toujours compté une forte proportion de sa population, originaire des pays voisins. Mais pourquoi Bédié a-t-il lancé la notion d’ivoirité ?

Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara dans les années 1990

Henri Konan Bédié a lancé la notion d’Ivoirité afin de s’assurer que Ouattara, qui s’était engagé en politique en prenant le control du parti RDR après la mort de son fondateur (Djeni Kobina), mais qu’une partie de l’opinion publique pensait être originaire du Burkina Faso, ne soit un obstacle à ce qu’il se maintienne au pouvoir. La guerre des héritiers du système Houphouët débutée dès 1993 après la mort d’Houphouët continuait encore, notamment à travers l’ivoirité.

En 1995, soit deux ans après la mort du président Houphouët Boigny, le FPI, chef de file de l’opposition lance en compagnie de partis fraîchement crées, y compris le RDR de Ouattara, le boycott actif de l’élection présidentielle de 1995, en protestation de l’Ivoirité. Ce Boycott est un succès et entraînera un simulacre d’élection qui verra le candidat unique Henri Konan Bedié, devenir le deuxième président de la Cote d’Ivoire.

Ce boycott lancé par Laurent Gbagbo et son parti aura aussi une influence positive sur la gouvernance en Côte d’Ivoire car ce sera là l’occasion de réclamer encore plus de démocratie. Les effets de ce boycott permettront sur plusieurs années d’obtenir des acquis majeurs, parmi lesquels on peut citer :

  • La transparence dans les urnes
  • La commission électorale indépendante
  • Le bulletin unique

Etc…

Il  ressort donc de ce qui précède que ce n’est pas Laurent Gbagbo qui a été a l’origine du lancement de la Carte de Séjour ni du lancement du concept discriminatoire de l’ivoirité, deux concepts ayant entraîné une crise identitaire et des dérapages importants et douloureux, dont furent victimes les populations non ivoiriennes réelles ou supposées. Au contraire Laurent Gbagbo a été contre l’ivoirité, la carte de séjour et l’exclusion des autres. Tous ces problèmes sont les conséquences d’actes d’Alassane Ouattara et d’Henri Konan Bédié. En 1995, Simone Gagbo est par ailleurs élue députée à Abobo et devient présidente du groupe FPI à l’assemblée nationale. 

C’est d’ailleurs cette mauvaise gestion des affaires et sur ce fond de crise identitaire créée par le concept de l’Ivoirité qu’en 1999 Henri Konan Bédié, devenu impopulaire et très critiqué dans le pays, sera renversé par le premier coup d’état de l’histoire de la Cote d’Ivoire, coup d’état militaire du Général Guei Robert.

Le Général Robert Guei

Robert Guei, très populaire au début de son coup d’état militaire du 24 décembre 1999, d’où son surnom de père noël en treillis assure qu’en tant que militaire, il est venu non pour prendre le pouvoir ou faire de la politique, mais juste pour « remettre de l’ordre » dans le pays et assurer juste un intérim présidentiel, le temps d’organiser les élections qui se profilaient a l’horizon 2000. Mais progressivement le Général Guei retourne sa veste, troque ses treillis et bottes pour adopter une image d’homme politique, se met à faire des meetings, etc… et finalement…… se présente à l’élection présidentielle de 2000.

Ce changement de comportement de Guei Robert entraine son impopularité. Guei Robert est donc assez contesté dans le pays au moment des élections présidentielles de 2000, lors desquelles le candidat Ouattara est encore écarté de l’élection en vertu de l’ivoirité. En face de Guei Robert, c’est l’opposant historique à Houphouët Boigny, c’est-à-dire Laurent Gbagbo, qui se présente pour la deuxième fois.

Guei Robert perd l’élection, mais refuse de reconnaître sa défaite, et tente de s’accrocher au pouvoir. Laurent Gbagbo, sûr de sa victoire, appelle le 24 octobre 2000 le peuple ivoirien à descendre dans les rues pour manifester afin de rétablir la vérité des urnes. Les populations sortent pour demander le départ de Guei Robert. Celui-ci mobilise l’armée. Il y a des affrontements entre les populations civiles et les forces de l’ordre (avec des morts et des blessés) pendant quelques jours. Guei Robert, devant la contestation populaire et les manifestations des foules qui refusent de se calmer, reconnait sa défaite. C’est ainsi que Laurent Gbagbo devient président de la République de Cote d’Ivoire suite aux élections présidentielles de 2000.

Que retenir de ce parcours de Laurent Gbagbo ?

Il faut retenir que Laurent Gbagbo :

  • Est un démocrate convaincu, puisqu’il a mené ses combats politiques afin d’obtenir les conditions d’une vraie démocratie.
  • Est un pacifiste, car malgré tout ce qu’il a enduré comme pressions, brimades, bastonnades, exil forcé, injustices, il n’a jamais appelé à la guerre, à la violence, au sang ou à la vengeance, ou fait des rebellions ou des tentatives de coup d’état contre son pays pour accéder au pouvoir.
  • Est un légaliste, c’est-à-dire qu’il respecte les lois, et durant tous ses combats politiques, il a mené ses luttes avec les moyens que le droit et la loi lui permettaient d’avoir.
  • Est un homme de principes, car il a toujours défendu ses idéaux et ne s’est jamais fait corrompre en acceptant un poste ministériel.
  • N’est pas celui qui a lancé la carte de séjour et le concept de l’ivoirité, deux concepts qui ont mené la Côte d’Ivoire dans un climat très amer de xénophobie et de discriminations.
  • Est arrivé légalement au pouvoir, soutenu par la population ivoirienne qui a payé de son sang sa victoire démocratique.
Laurent Gbagbo lors de son investiture en tant que président de la Cote d’Ivoire en 2000.

Laurent Gbagbo et la France : aux origines d’un conflit ouvert

Pourquoi Laurent Gbagbo a été, dès sa prise de fonction, combattu par l’occident, notamment par la France et la Francafrique ?

Il faut savoir que Laurent Gbagbo arrive au pouvoir en 2000 dans un pays où la Francafrique règne en maître depuis le temps d’Houphouët Boigny. La Côte d’Ivoire est à cette époque un des pays les plus importants pour les intérêts français en Afrique. Laurent Gbagbo le disait déjà en 1991 dans un de ses livres paru aux éditions l’Harmattan qui s’intitule : Cote d’ivoire, agir pour les libertés :

« En Côte d’Ivoire, les plus hautes autorités de l’état ne font guère confiance aux ivoiriens. Toutes les responsabilités, les vraies, sont confiées à des Français, les ivoiriens n’ayant que des titres de responsabilités de façade, des responsabilités de seconde zone. Chaque ministre a dans son cabinet au moins un Français (et je ne suis pas généreux) ; les ministères vitaux (Economie, Finance, Plan, etc..) sont pratiquement inondés (de Français). L’armée française est tapie entre l’aéroport et le canal conduisant au port, pesante et guère rassurante (…) quand un de ceux qui ont véritablement entre leurs mains les rouages de l’économie et de la politique de notre pays brise le silence complice qui entoure la Cote d’Ivoire pour porter à la face du monde ne serait-ce qu’un tout petit aspect des pratiques politiques de celui qui règne et gouverne, il y a là un signe, un symbole. Le roi est nu. »

En vertu de la Francafrique c’est donc la France qui contrôle en réalité les principaux secteurs stratégiques de l’état ivoirien (pouvoir politique, pouvoir économique, etc…). Ce qui fait que en Côte d’Ivoire, comme ailleurs en Afrique francophone, les présidents de la république doivent ou sont obligés de tenir les autorités françaises informées, leur rendre des comptes, les consulter, ou avoir l’avis de la France au sujet de tout ce qu’ils veulent faire, décider ou entreprendre dans leurs pays. La néocolonisation est quasi-totale.

En arrivant au pouvoir, Laurent Gbagbo veut bien dialoguer et nouer des partenariats avec la France, mais sur d’autres bases que celles existantes. Il est patriote, nationaliste et démocrate, et souhaite par conséquent que son pays fasse ses propres choix et prenne librement ses décisions sans avoir à rendre compte des décisions prises, etc… aux autorités françaises.

Il souhaite l’indépendance économique. Avant même un changement de monnaie ou une sortie de la zone CFA, il montre qu’il est contre la politique de la main tendue – c’est-à-dire prendre des tonnes de prêts et toutes sortes d’aides extérieures tout le temps – que beaucoup de pays africains pratiquent, car il pense que les résultats de cette politique nuisent au continent et que l’Afrique est capable de vivre sur la base de ses propres ressources et créer de la richesse qui sera redistribuée de manière plus équitable. Laurent Gbagbo sera un président qui réduira considérablement la dette de son pays et le fera vivre et fonctionner son en ayant le moins possible recours aux aides et aux prêts des occidentaux.

Le président Gbagbo cherche aussi à ce que son pays noue des partenariats stratégiques et économiques avec tous les pays quels qu’ils soient – occidentaux ou non – à la seule condition que ces partenariats soient profitables à son pays. Cette manière de voir les choses fait que sous sa présidence, on tente de renégocier de nombreux contrats passés par les présidents l’ayant précédé, on cherche à renégocier le prix des matières premières et des ressources stratégiques (ex : Cacao, Pétrole) et on ne fait plus obligatoirement ou nécessairement de l’occident ou de la France le partenaire de choix, privilégiant d’abord et avant tout les intérêts de la Cote d’Ivoire.

Laurent Gbagbo noue des partenariats avec même des pays qui sont de sérieux concurrents de l’occident en Afrique. Ici une remise de clés pour une inauguration  avec un partenaire chinois.

Toutes ces idées de Laurent Gbagbo ne sont pas du gout de la Francafrique et des occidentaux, prédateurs de l’Afrique depuis des siècles. Laurent Gbagbo le sait bien et sait donc que pour appliquer ses idées, il sera obligé de combattre avec ses moyens la Francafrique et les occidentaux. Il sait que la Francafrique ne l’aime pas et il sait qu’il sera combattu par celle-ci.

En 2000 Laurent Gbagbo arrive donc au pouvoir à la suite d’une élection avec un scénario que la Francafrique n’avait pas prévu. Les occidentaux savent bien ce qu’il va faire ou essayer de faire puisque lui-même ne s’en cache pas. C’est alors que le président va commencer à avoir de sérieux ennuis.

10 ans de coups d’Etat

Laurent Gbagbo prête serment le 26 octobre 2000. Déjà en 2001 il essuie une tentative de coup d’Etat, dite affaire de la Mercedes noire ou symbole du cheval blanc. Le 19 septembre 2002 alors qu’il est en visite d’état à l’étranger, le pays essuie une autre tentative de coup d’état simultanée à Abidjan, Bouaké et Korhogo, que l’armée ivoirienne fait échouer malgré tous les morts et blessés occasionnés. Devant leur échec dans le sud du pays, les putschistes se replient au nord dont ils prennent le contrôle. Ils demandent le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir par la voix de leur porte-parole qui se trouve être un certain Guillaume Soro.

Guillaume Soro

Le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir est donc le motif principal de cette attaque. Le président rentre en Côte d’Ivoire le 20 septembre 2002. En plein état d’urgence, il fait un discours rassurant, tend la main aux putschistes mais rappelle l’illégalité du coup d’état et la légitimité de son mandat.

Ceux qui ont tenté le coup d’état se muent progressivement en rébellion armée à caractère politique, avec la création de multiples mouvements de type politique (MPCI, MPIGO, etc…) dont ils deviennent les leaders, partitionnent le pays en deux en occupant le nord et en créant une économie parallèle, et en tentant de faire fonctionner cette partie de la Cote d’Ivoire comme une Cote d’Ivoire bis.

De nombreuses populations vivant dans le nord du pays et dans les zones occupées par la rébellion seront séquestrées, agressées, battues, tuées, et victimes de toutes sortes de violences et de terreur pour faire pression sur le régime du président Gbagbo, afin qu’il démissionne. Ainsi commence une crise politico-militaire qui marquera et endeuillera le pays pendant plusieurs années.

La crise politico-militaire devient donc permanente en Côte d’Ivoire à partir du 19 septembre 2002. Elle est née à la suite d’un second coup d’état manqué contre le président Gbagbo. Ce second coup d’Etat ayant échoué, les acteurs et partisans du coup d’Etat, agissant de manière illégale, se sont mis à saboter au moyen de la violence et de la barbarie, l’action d’un président légalement élu et son gouvernement, l’objectif final étant de dégager le président Gbagbo du pouvoir par tous les moyens nécessaires. La crise en Côte d’Ivoire est donc en réalité un coup d’Etat de longue durée qui a commencé le 19 septembre 2002.

Mais lorsqu’il y a un coup d’Etat, une rébellion, etc…cela ne sort pas de nulle part. Cela nécessite une organisation, du financement, etc…donc il faut aussi une planification. Mais souvent, beaucoup de gens ne se posent jamais les questions de savoir :

  • Qui finance la rébellion, afin que les barbares puissent avoir des moyens financiers, logistiques, leur permettant de vivre et de subvenir à leurs besoins tout en continuant de semer la terreur ?
  • Sachant que le continent africain ne produit presque pas d’armes, qui donne à une rébellion les moyens militaires, qui lui permettent de semer la terreur et pourquoi?
  • Qui planifie une rébellion et pourquoi ?

Dans le cadre de la Cote d’Ivoire ce sont les rebelles eux mêmes qui feront des allocutions dans le nord du pays pour instrumentaliser les populations en leur disant que la rébellion a pour véritable but de soutenir et d’installer un certain Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. Vous pouvez voir la vidéo ici 

Donc d’après les rebelles eux-mêmes, ils agissent pour Alassane Dramane Ouattara. Mais qui se cache derrière Alassane Ouattara en lui fournissant les moyens d’organiser une rébellion?

Hé bien c’est en 2004 que le temps répondra clairement à cette question. En 2004, le pays est coupé en deux, les régions nord occupées par la rébellion et les régions sud sous contrôle gouvernemental. Entre les deux zones, il y a une zone dite de confiance occupée par l’armée française, qui prétend se mettre comme force impartiale pour essayer d’apaiser le conflit depuis que celui-ci a commencé en 2002. Il y a aussi l’ONU à travers sa mission en cote d’Ivoire (ONUCI) qui prétend apporter des solutions pour aider les uns et les autres à aller a la paix, en décrétant un embargo sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire.

Mais les crimes et les violences dans les zones occupées par les rebelles et même sur les populations du Nord continuent. Ni la présence de L’ONU et de l’armée Française n’empêchent cela.

La Côte d’Ivoire partitionnée avec au milieu en blanc la zone tampon occupée par la France et l’ONU

Laurent Gbagbo, en sa qualité de chef de l’état et donc de chef des armées, et son gouvernement décident alors de reprendre eux-mêmes les zones sous contrôle rebelle et réunifier le pays. À cet effet l’opération militaire de l’armée ivoirienne dénommée « dignité » est lancée dès le 4 novembre 2004 vers les régions sous contrôle rebelle, l’objectif étant de détruire les stocks d’armes et de munitions des rebelles, afin d’affaiblir la rébellion et de mettre fin à celle-ci.

Pendant cette opération qui dure quelques jours, l’armée ivoirienne pilonne les positions des rebelles avec succès. La victoire de l’armée ivoirienne se profile à l’horizon, l’opération militaire tire à sa fin. Le président Gbagbo s’apprête à faire un discours à la nation pour annoncer à la population la victoire de l’armée ivoirienne sur la rébellion.

C’est alors que le 6 novembre 2004, l’armée française sur ordre du président Chirac, entre clairement dans le conflit, prétextant (sans pouvoir le prouver) que neuf de ses soldats furent tués par l’armée ivoirienne durant l’opération, déploie des moyens militaires pour bombarder et détruire rapidement toute l’aviation de l’armée ivoirienne qui servait à pilonner les positions des rebelles.

Avions de guerre de l’armée ivoirienne détruits par les forces françaises

En faisant cela l’armée française empêche ainsi le président Gbagbo et son gouvernement de terminer la destruction des positions rebelles, de reprendre le contrôle des régions du Nord et vole clairement au secours des rebelles et se pose en protecteur des rebelles.

En voulant donc détruire la rébellion en 2004, le président Gbagbo et son gouvernement se trouvent clairement nez à nez avec la France et tous les Occidentaux. A partir de ce moment le puzzle des problèmes peut être reconstitué, et on aboutit à la compréhension suivante : la rébellion visant – d’après les rebelles eux-mêmes – à installer Alassane Ouattara au pouvoir est soutenue par la France. Autrement dit, les occidentaux sont derrière la rébellion qui pose des problèmes au pays, rébellion visant à renverser le président Gbagbo et installer Ouattara au pouvoir. C’est ce qui ressort clairement de l’analyse de la situation.

Dès ce moment, un sentiment de colère et de haine contre les autorités françaises naît dans la population, et la contestation contre l’armée française gagne la Cote d’Ivoire. Des manifestations contre la présence de l’armée française sont organisées dans le pays, notamment dans les lieux occupés par l’armée française, avec un pic sur Abidjan, à l’appel d’un certain Charles Blé Goudé, leader du mouvement des jeunes patriotes de Cote d’Ivoire.

Charles Blé Goudé, le leader du COJEP et du mouvement des Jeunes Patriotes

Durant ces manifestations, l’armée française se déploie dans le pays et notamment sur toute la ville d’Abidjan en prétendant uniquement protéger les ressortissants français. Mais dans le même temps les forces françaises après des combats contre l’armée l’ivoirienne pour le contrôle de l’aéroport d’Abidjan se déploient à l’aéroport, bloquent les deux principaux ponts de la ville, survolent la ville d’Abidjan en tirant depuis des hélicoptères sur la masse des populations civiles non armées, sorties dans les rues pour manifester contre l’armée française, causant ainsi plusieurs morts et plusieurs blessés.

En réponse à cela, des civils ivoiriens pillent et détruisent des installations françaises (écoles, librairies, magasins appartenant à des français, etc…). La tension est à son comble. Quelques jours après, le 9 novembre 2004, plusieurs dizaines de chars français circulent dans la ville d’Abidjan et se dirigent vers l’hôtel Ivoire, hôtel luxueux très proche de la résidence du président. Les militaires français prétendent être venus chercher et protéger les ressortissants français présents dans l’Hôtel Ivoire.

Puisque les chars français se dirigent aussi vers la résidence du président Laurent Gbagbo, les populations civiles ivoiriennes, à la suite des autorités, soupçonnent un coup d’état en préparation contre Gbagbo, et se massent autour de la résidence du président pour le protéger.

Autour de l’hôtel Ivoire, ils se mettent à manifester contre l’armée française qui se trouve à l’intérieur. L’armée ivoirienne se déploie autour de ces mêmes lieux pour essayer de contenir les foules qui tentent d’encercler les soldats français présents dans l’Hôtel Ivoire. Les français ne sortent avec aucun de leurs ressortissants de l’Hôtel Ivoire et n’arrivent pas non plus à accéder, à la résidence du président Gbagbo. Finalement les soldats français prennent la fuite et ouvrent le feu en tirant à balles réelles sur les civils aux mains nues qui manifestaient devant ces endroits, faisant ainsi plusieurs morts et plusieurs blessés. Vous pouvez voir la vidéo ici

Fin 2004 le coup d’Etat tenté depuis 2001, et entré dans une phase permanente depuis 2002 contre Gbagbo échoue une fois de plus. Cette fois ci c’est la France même avec ses chars et ses blindés qui devant les échecs répétés de sa bande de rebelles et de dozos, entre ouvertement en guerre contre Gbagbo et qui cherche à le renverser. Mais elle échoue notamment grâce à la résistance menée par les populations civiles.

Mais les forces impérialistes qui se cachaient derrière Ouattara, avaient toujours pour mot d’ordre depuis les tentatives de coup d’état manquées en 2001 et en 2002 : Renverser Gbagbo, par tous les moyens nécessaires, peu importe ce qu’il dira ou fera comme actions pour apaiser la situation.

En 2005 le mandat du président Gbagbo (Elu depuis 2000 pour 5 ans) touche à sa fin. Et de nouvelles élections doivent être organisées.

Le pays est cependant toujours coupé en deux, avec les mouvements rebelles contrôlant les régions du nord du pays et les régions sud, contrôlées par le gouvernement. Pour organiser de nouvelles élections et parvenir à une vraie paix, il faut que le pays soit réunifié afin de faire des recensements sur tout le territoire, distribuer des cartes d’électeurs, etc…. Et pour cela il faut que les rebelles soient désarmés, etc… bref en d’autres termes pour qu’il y ait des élections, le pays doit revenir à une situation normale. Et plusieurs accords ont été signés pour parvenir à la paix depuis le début du conflit en 2002.

C’est en vertu de ces accords pour favoriser un climat de paix, que le président Gbagbo n’a pas par exemple lancé de mandat d’arrêt ou d’enquête judiciaire contre Ouattara, père de la rébellion ni contre les rebelles, a accepté de faire des gouvernements d’union et de réconciliation nationale, constitués de toutes les tendances politiques, allant même jusqu’à donner des postes ministériels à certains chefs de la rébellion.

C’est en vertu de ces accords que Gbagbo a consenti à faire de nombreux efforts, en acceptant en 2005 de régler les problèmes liés à la candidature de Ouattara.

Contrairement aux présidents avant lui, Laurent Gbagbo accepte en vertu de ces accords de signer la même année un décret permettant à Alassane Ouattara de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Il l’annonce à la télévision. Nous rappelons ici que le concept de l’ivoirité a été créé par Bédié, avec pour but principal d’empêcher Ouattara de se présenter à une élection présidentielle. C’est donc sous Laurent Gbagbo, que les problèmes de candidature à l’élection présidentielle de Ouattara seront réglés. Laurent Gbagbo, en acceptant de créer les conditions pour que Ouattara puisse enfin se présenter à une élection présidentielle, apporte une solution claire au problème de l’ivoirité.

Le Président Laurent Gbagbo rencontre Alassane Ouattara

Mais le point commun entre tous ces accords était que la rébellion devait rendre les armes, pour qu’il y ait les conditions d’un véritable climat de paix en vue d’un retour à la normale de la situation. Cela était stipulé dans la plupart des accords. Mais la rébellion n’a jamais vraiment désarmé et continuait même à se réarmer, avec l’aide secrète des occidentaux, et de semer la terreur quand elle le voulait dans les zones qu’elle occupait.

Une série d’accords de paix et de réconciliation furent encore signés pour préparer les prochaines élections et la sortie de crise, tel que l’accord de Ouagadougou en 2007. C’est en vertu de ces accords que Gbagbo fait par exemple de Guillaume Soro, chef de la rébellion, son premier ministre, et confie la gestion de la commission électorale indépendante (CEI) à l’opposition en majorité.

Malgré tout cela, les rebelles ne désarment pas et ne subissent aucune sanction internationale de la part des occidentaux et de l’ONU qui jouent un double-jeu. Le processus électoral est bloqué.

Finalement les élections tant attendues finiront par avoir lieu en 2010.

Le premier tour des élections présidentielles se passe dans le calme, de l’avis général des observateurs internationaux (occidentaux) et africains. Laurent Gbagbo arrive en tête des pourcentages de vote au premier tour devant Alassane Ouattara, et Henri Konan Bédié, allié de Ouattara, arrive en troisième position. L’ex-président Bédié dénonce des fraudes massives puis se rétracte.

Au deuxième tour des élections les problèmes surviennent : fraudes massives, bourrages d’urnes, kidnapping ou séquestration d’électeurs (notamment dans les zones occupées par les rebelles), Cela est attesté et dénoncé par les ONG africaines et les observateurs africains, dont Joseph Koffigoh pour le compte de l’Union Africaine, mais nié par les occidentaux et leurs observateurs qui prétendent que tout s’est bien passé. La machine médiatique occidentale se met en branle, et fait passer les réclamations du camp Gbagbo pour des manœuvres pour s’accrocher au pouvoir.

Ainsi, fin 2010, une énième guerre médiatique de diabolisation de Laurent Gbagbo est entamée par les occidentaux. Les médias dominants le traitent de tous les noms : despote, tyran, criminel, etc…

Laurent Gbagbo propose une solution pacifique pour résoudre le problème, cette solution c’est le recomptage des voix pour mettre fin au débat, mais cette solution refuse d’être envisagée par ses adversaires, les occidentaux et l’ONU. C’est donc le moment de poser cette question : pourquoi les adversaires de Gbagbo qui prétendaient qu’il a perdu les élections, ont refusé de recompter les voix, afin de prouver qu’ils avaient gagné ? La diabolisation médiatique contre Laurent Gbagbo continue.

A quoi sert-il aux occidentaux de diaboliser un président dans leurs médias ? Hé bien cela leur sert lorsqu’ils veulent renverser quelqu’un du pouvoir. Lorsque les occidentaux s’apprêtent à faire un coup d’état, ou veulent s’attaquer à quelqu’un ils diabolisent le personnage afin de justifier devant l’opinion publique les raisons de leurs attaques, de leurs interventions militaires ou de leurs coups d’état. Rappelons ici quelques manœuvres de diabolisation contre Laurent Gbagbo :

  • L’affaire des escadrons de la mort et du charnier de Yopougon
  • L’affaire de la disparition du journaliste Guy André Kieffer
  • L’affaire de la mort des 9 soldats français
  • ..

Le litige électoral n’étant pas encore résolu, la Commission Électorale Indépendante de Cote d’Ivoire (CEI) affirme par la voix de son président qu’elle est dans l’incapacité de donner des résultats provisoires de l’élection, et cela jusqu’à l’expiration des délais prévus par les lois ivoiriennes. Etant donné que dans tous les cas, la loi ivoirienne prévoit que c’est le conseil constitutionnel qui donne et certifie les résultats définitifs d’une élection présidentielle, la CEI passe automatiquement le relais de la proclamation des résultats comme le veut la loi, au conseil constitutionnel, qui se charge de statuer sur les litiges et l’élection.

Mais contre toute attente, le président de la Commission Électorale Indépendante de Cote d’Ivoire (CEI) est obligé de proclamer sous d’importantes pressions occidentales – notamment de la France de Sarkozy et des États-Unis d’Obama – des résultats au mépris des formes des règles démocratiques et des délais prévus par les lois et la constitution ivoiriennes. Ce qui rend cette proclamation des résultats caduque et nulle en vertu de la constitution ivoirienne. Les occidentaux prennent cette déclaration nulle et la diffusent partout sur leurs médias pour prétexter une prétendue victoire du candidat Ouattara.

Mais le camp Gbagbo ne se décourage pas, se veut légaliste et conteste devant le conseil constitutionnel ivoirien, la seule instance qui a la capacité de trancher en matière électorale d’après la constitution ivoirienne.

Rappelons que dans les démocraties du monde en général, c’est le conseil constitutionnel qui est la plus haute instance ayant pouvoir de trancher les résultats d’une élection présidentielle. Le Conseil Constitutionnel statue sur le litige électoral et proclame Laurent Gbagbo vainqueur. Les occidentaux disent à travers la communauté internationale que la décision du conseil constitutionnel n’a aucune valeur car les membres du conseil constitutionnel sont nommés par le président Laurent Gbagbo et sont donc des « pro-Gbagbo ».

C’est plutôt ce que les occidentaux ont dit ici qui n’a aucune valeur car souvent dans les démocraties du monde, c’est le président, le Chef de l’Etat qui nomme les membres du Conseil Constitutionnel. En nommant les membres du Conseil Constitutionnel, Laurent Gbagbo n’a fait qu’appliquer une loi démocratique, rien de plus.

Laurent Gbagbo prête serment et prend fonction en tant que président ivoirien pour la seconde fois le 4 décembre 2010.

Laurent Gbagbo lors de sa réinvestiture le 4 décembre 2010 en tant que président de la Cote d’Ivoire

Dans les capitales occidentales, notamment à paris, les autorités occidentales sont au bord de la crise de nerfs, face à ce Laurent Gbagbo, qui se révèle finalement un politicien habile et expérimenté, qui résiste depuis des années aux pressions contre lui et son gouvernement et trouve toutes sortes de solutions et de stratégies pour éviter les tentatives de coup d’état.

C’est la raison pour laquelle les occidentaux lui ont donné le surnom de Boulanger car pensent-ils, il les roule dans la farine, puisqu’il s’en sort toujours. Il ressort de ce qui précède que ce ne sont pas les Noirs (ivoiriens) qui ont surnommé Gbagbo le Boulanger. Le surnom que les Ivoiriens lui donnent depuis toujours, c’est le Woody de Mama, l’homme fort. Il lui donnent ces surnoms pour rendre hommage à son courage et  sa combativité dans ses luttes politiques.

Les occidentaux accentuent les pressions. Ils tenteront par exemple d’asphyxier Gbagbo et son régime sur le plan économique en faisant fermer les principales banques en Cote d’Ivoire dont ils sont les actionnaires, de façon à bloquer les salaires des citoyens ivoiriens et soulever le peuple contre Gbagbo pour le faire dégager, et font pression sur la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) afin de bloquer les envois de fonds vers la Cote d’Ivoire.

Mais Gbagbo et son gouvernement fraichement nommés sont déjà au travail, et les occidentaux échouent dans leur tentative d’asphyxier économiquement la Cote d’Ivoire, car le gouvernement du président Gbagbo réussit grâce à ses techniciens, à contourner ces pièges, et à payer les salaires et à faire fonctionner le pays sur le plan économique.

Dans la foulée le président Gbagbo annonce qu’il s’apprête à sortir son pays de la zone du Franc CFA et ne plus utiliser le Franc CFA. A cet effet, il fait battre une nouvelle monnaie, la MIR (Monnaie Ivoirienne de la Resistance) et donne la date officielle de sa mise en circulation.

La MIR (Monnaie Ivoirienne de la Résistance) en version spécimen présentée au grand public

Il est important à ce moment de rappeler que la Cote d’Ivoire est le pays le plus puissant économiquement dans la zone CFA en Afrique de l’Ouest. Cela signifie que si la Cote d’Ivoire sort du Franc CFA, c’est toute la Francafrique qui est détruite économiquement en Afrique de l’Ouest. Lorsque le président Gbagbo fait ses annonces et ses menaces au sujet de la création d’une nouvelle monnaie en Côte d’Ivoire, elles sont prises très au sérieux compte tenu du contexte. Les crises de nerfs des autorités occidentales atteignent des sommets.

Les Européens et les Etats Unis iront très loin dans les pressions et dans la cruauté, la méchanceté et les horreurs contre le peuple ivoirien et Laurent Gbagbo. Ils iront par exemple même jusqu’à interdire aux laboratoires pharmaceutiques en Occident d’envoyer des médicaments dans les pharmacies et les hôpitaux ivoiriens, ce qui causera la mort de nombreuses personnes privées de soins médicaux. Mais les effets de cette initiative occidentale sont sans succès car les Ivoiriens résistent et ne se soulèvent pas pour demander le départ de Laurent Gbagbo.

Mais rien n’y fait car le président Gbagbo et son gouvernement acculés, et sous pressions maximales, et malgré les sanctions et interdictions, arrivent à résister malgré tout. Les appels à manifester contre Gbagbo lancés par Alassane Ouattara ne sont suivis par quasiment personne. Et les pseudos manifestations pacifiques de quelques personnes (organisées par la rébellion à Abidjan) contre Gbagbo (dans lesquelles se cachent des rebelles armés déguisés en manifestants) comme la marche du 16 décembre 2010, etc…, se soldent par des échecs retentissants.

Apres avoir tenté cette fois ci, comme ils le font en Afrique habituellement, de trafiquer les élections présidentielles ivoiriennes sans succès en tentant de faire passer leur homme de main Ouattara pour le vainqueur d’une élection qu’il n’a pas remporté, après avoir fermé les banques, privé les gens de médicaments, et autres horreurs pour soulever le peuple contre Laurent Gbagbo sans succès, les occidentaux et leurs rebelles sont encore coincés car à l’horizon se profile encore un échec de leur tentative de coup d’état contre Laurent Gbagbo.

N’ayant pas d’autres solutions, ils sont dos au mur et décident de reprendre les combats sur le plan militaire avec la rébellion qui n’a jamais désarmée. Cette fois ci l’armée ivoirienne doit faire face à la fois aux rebelles, auxquels viennent en soutien les casques bleus de l’ONU, et les forces françaises qui ne se cachent plus du tout. Les affrontements sont assez sanglants, et les rebelles se livrent (au vu et au su des forces occidentales) à des massacres sur des populations civiles (ex a Duekoué, etc…). Les combats durent car les militaires et les volontaires engagés ivoiriens résistent tant bien que mal.

Finalement cette coalition occidentaux-rebelles finit par arriver à Abidjan. Les occidentaux sous prétexte de protéger les civils d’après un mandat qui leur aurait été donné par…. « L’ONU » se mettent à survoler la ville d’Abidjan en hélicoptère de combat, pendant que des chars français sont au sol, en procédant à des frappes militaires, y compris sur des civils, qui trouvent la mort.  

Effets d’un bombardement des occidentaux dans un camp militaire ivoirien

Ils bombardent pendant plusieurs jours la ville d’Abidjan et détruisent tous les sites stratégiques, la radio, la télévision, les dépôts d’armes et de munitions qui permettaient à l’armée ivoirienne de continuer les combats puis ils bombardent sans cesse, pendant plusieurs jours la résidence présidentielle dans laquelle le président Gbagbo décide de rester avec ses proches.

Nuages de fumées et de feux lors des bombardements des hélicoptères français sur Abidjan. Les populations ivoiriennes terrifiées, sont majoritairement restées enfermées chez elles plusieurs jours durant ces moments difficiles. Voila ce que les occidentaux appellent officiellement des « interventions militaires pour ramener la démocratie ».

La suite on la connait. Gbagbo, qui sort vivant sans être blessé du palais malgré les multiples bombardements, est arrêté, en compagnie de son épouse Simone Gbagbo par les forces françaises et remis aux mains des rebelles le 11 avril 2011. Simone Gbagbo, personnage majeur de la présidence, est dénudée, humiliée, subit des attouchements et des tentatives de viol. 

Résidence officielle  des présidents ivoiriens bombardée et détruite par les Français. C’est dans les décombres de cette résidence que Laurent Gbagbo a été arrêté par les soldats français.

Laurent Gbagbo vient d’être renversé à la suite d’un coup d’état qui dura dix ans, le coup d’état le plus le long jamais réalisé dans l’histoire de l’Afrique.

La France et l’ONU exigent de lui qu’il signe un document pour reconnaître la prétendue victoire de Ouattara aux présidentielles, mais il refuse de le faire malgré toutes les menaces et les pressions qu’il subit après son arrestation. Il est jeté aux mains des rebelles qui l’emprisonnent, le torturent et le séquestrent pendant plusieurs mois dans le nord du pays, puis il est transféré à la CPI par la suite où son procès depuis s’éternise.

Alassane Ouattara en compagnie des chefs de guerre de la rébellion qui ont endeuillé la Cote d’Ivoire des années durant,  pour la « photo de famille »

Vu que Ouattara n’a manifestement pas gagné les élections, et que ses tentatives de coup d’état et ses rebelles ont échoué, finalement ce sont les occidentaux qui sont venus en renforts de ses rebelles et de ses dozos, et qui à coup de bombardements, de massacres et de très nombreux de morts, ont tué des Ivoiriens et renversé le président ivoirien pour l’installer de force au pouvoir.

Empoignades entre un chef rebelle et un membre des forces françaises

Quels enseignements ?

Il n’y a jamais donc eu véritablement de guerre entre musulmans et chrétiens, ou entre nordistes ou sudistes en Cote d’Ivoire, comme l’ont affirmé les médias occidentaux. Les problèmes entre nordistes et sudistes ou entre musulmans et chrétiens sont nés du fait du lancement de la carte de séjour par Alassane Ouattara, lorsqu’il était premier ministre du président Houphouët Boigny, et se sont aggravés avec le lancement du concept de l’ivoirité par le président Henri Konan Bédié. Tous ces problèmes existaient plusieurs années avant l’arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir.

Il n’y a jamais eu véritablement de guerre ou de crise postélectorale ayant fait des milliers de morts en Cote d’Ivoire. Il y a eu un coup d’état que l’occident a mis dix ans à réaliser, en tuant pendant des années des milliers de personnes avec la complicité de nègres de service rebelles et dozos.

Il n’y a jamais eu véritablement d’affrontement de forces dites « pro Gbagbo » ou de forces Pro-Ouattara, car ce que les médias ont appelle forces pro Ouattara c’est une association de malfaiteurs, une rébellion armée, et une rébellion armée n’a jamais été légale. Laurent Gbagbo, en tant que chef de l’état, n’avait pas de forces Pro Gbagbo, mais en tant que chef des armées, avait (en vertu des lois) à sa disposition l’ensemble des forces nationales légales de Cote d’Ivoire (armée, militaires, gendarmerie, police, etc…), pour combattre non des forces « Pro Ouattara », mais bel et bien une association de malfaiteurs, une rébellion armée qui attaquait son pays.

La résistance extraordinaire durant 10 ans au coup d’état des occidentaux dont Gbagbo a fait preuve a montré que la résistance contre les occidentaux est possible et que l’Afrique si elle le veut vraiment et si ses dirigeants cessent d’être peureux, a le potentiel pour se libérer sans trop de difficultés, de la tutelle occidentale, cela d’autant plus que les occidentaux sont affaiblis.

La résistance extraordinaire durant 10 ans au coup d’état des occidentaux dont Gbagbo a fait preuve est due :

  • A son histoire, son éducation, son parcours personnel et ses valeurs.
  • A sa stratégie et son habileté en politique
  • A son parcours politique et à l’expérience qu’il en a tirée
  • A sa connaissance de l’histoire et de la culture

Quelles sont les actions de Laurent Gbagbo à la tête de l’état ivoirien ?

En effet parallèlement à la guerre que lui faisaient les occidentaux, Laurent Gbagbo a posé des actes majeurs. Voici une liste non exhaustive de ses actions :

Au niveau politique

  • Dès son arrivée au pouvoir, il annule le mandat d’arrêt pour fraude lancé par Henri Konan Bédié contre Alassane Ouattara, ce qui a contraint Ouattara à l’exil, donnant ainsi la possibilité à Alassane Ouattara de revenir en Côte d’Ivoire.
  • Il permet aussi à Henri Konan Bédié exilé après avoir été renversé lors du coup d’Etat de Robert Guei de rentrer au pays.
  • En 2001 (du 09 octobre au 19 décembre), il organise un forum de la réconciliation nationale afin d’apaiser les populations après les troubles, les tensions et les dérapages ethnico-religieux – nordistes contre sudistes, chrétiens contre musulmans – nés de la crise identitaire due au lancement de la carte de Séjour pour les non ivoiriens par Ouattara et au lancement de l’Ivoirité  par Bédié.
  • Le 22 Janvier 2002, il lance le sommet des 4 grands leaders (Bédié, Ouattara, Guei et lui-même Gbagbo) afin d’apaiser le climat sociopolitique après les conflits les ayant opposé durant les années 1990-2000.
  • En 2005, il décrète le financement sur fonds publics des partis politiques et des candidats à l’élection présidentielle.
  • De 2000 à 2010, tous les gouvernements sous Gbagbo sont des gouvernements qui favorisent l’ouverture politique composés de personnes issues de toutes les tendances politiques, et aussi issues des principales régions du pays (Nord, Sud, Est, Ouest). Inutile de parler même de l’ouverture du gouvernement, dans le cadre d’accords signés, à certains membres de la rébellion dans le but de favoriser la paix

Il convient aussi d’ajouter à cela que Laurent Gbagbo, n’a fait arrêter et jeter en prison aucun de ses opposants politiques (Bédié, Ouattara, etc..) durant toutes les années de sa présidence. Tout ceci montre que Gbagbo n’est pas un dictateur.

  • Au niveau de l’éducation nationale, Gbagbo lance le concept de la gratuité de l’école de base et lève l’obligation de l’uniforme scolaire, mesure favorables aux parents démunis.
  • Au niveau de la santé, Gbagbo lance un système de sécurité sociale et d’assurance maladie appelée l’AMU, qui prévoit l’accès aux soins pour tous, ivoiriens ou non ivoiriens dès le 9 octobre 2001.
  • Au niveau du chômage des jeunes, Gbagbo a mis en place un fonds national de solidarité pour la promotion des emplois jeunes.
  • Au niveau de la décentralisation, il décide de doter Yamoussoukro, capitale politique, d’un palais présidentiel, d’une assemblée nationale et d’un hotel des députés, inaugurant les travaux de construction.
  • Au niveau de la liberté de la presse et des médias, son gouvernement lance la dépénalisation des délits de presse le 14 décembre 2004, afin que les journalistes puissent s’exprimer et faire leur travail librement sans craindre d’être arrêtés ou mis en prison.
  • Au niveau de l’immigration et de la question des étrangers, il signe l’accord de Pretoria en Avril 2005, créant les conditions pour que Alassane Ouattara se présenter à une élection présidentielle, apportant une réponse au problème de l’ivoirité concept. Son gouvernement supprime la Carte de Séjour le 08 Novembre 2007. Il signe par ailleurs de nombreux décrets de naturalisation. 
  • En Recherche et Développement, il lance en 2006 la création du village des technologies de l’information et de la biotechnologie, en vue de la mise à niveau technologique de la cote d’ivoire. Le projet occasionne la création de plusieurs milliers d’emplois. Au niveau de l’aménagement du territoire

Voila des actions de Laurent Gbagbo à la tête de la Cote d’Ivoire. Il y a des erreurs, notamment la corruption parmi ses ministres (affaire du Probo Koala) ou encore une certaine lenteur dans les prises de décisions politiques.

Le président Gbagbo à la CPI. Il a transformé la CPI en une tribune politique à la face du monde, où le grand déballage des magouilles de l’Occident en Afrique se fait chaque jour de son procès. Il est ici confiant et détendu face  aux  bricolages pseudo juridiques et au ridicule qui se déroule chaque jour à la CPI.

Méditons sur ces paroles du président Gbagbo qui disait au sujet de son combat à des jeunes africains venus lui rendre visite en 2010 que :

 «C’est un combat à mener, c’est une lutte indispensable, c’est un passage obligé pour que demain, vous, vous soyez libres. Parce que ce combat, nous vu les âges que nous avons, ce n’est plus pour nous. C’est pour que vous soyez libres demain. Je regarde souvent les pays européens, moi qui ai tellement étudié l’histoire de leurs pays, et je me dis : ces gens qui circulent librement, qui parlent haut et fort, qui vont en vacances, qui vivent tranquilles…mais c’est parce que leurs ancêtres ont lutté. Leurs ancêtres ont lutté. Leurs ancêtres ont fait des révolutions. Leurs ancêtres sont morts, beaucoup ont donné leur vie, ce qui permet aujourd’hui aux générations actuelles, de vivre tranquillement. Eh bien considérez que nous, c’est le sacrifice que nous faisons aujourd’hui, qui vous permettra de vivre demain tranquillement, et je suis fier pour ça, je suis fier de ça, et c’est un cadeau pour l’Afrique, c’est un cadeau pour la jeunesse africaine.»

Hotep !!!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • – Laurent Gbagbo, la force d’un destin (Documentaire)
  • – Henri Konan Bédié, les Chemins de ma Vie
  • – Cote d’Ivoire : Quatre Jours de Feu, reportage diffusé le 30 Novembre 2004 dans l’émission 90 minutes sur Canal Plus.
  • – Laurent Gbagbo, un Homme, Une Vision (Documentaire)
  • – Laurent Gbagbo dans le Tourbillon du Golfe de Guinée (Documentaire)
  • – Charles Onana, Cote d’Ivoire, le Coup d’Etat; par Charles Onana
  • – Charles Onana, France-Cote d’Ivoire, la Rupture; par Charles Onana
  • – Laurent Gbagbo selon François Mattei, Pour la Vérité et la Justice
  • – Comment la France a Perdu l’Afrique, Antoine Glaser et Stephen Smith
  • – Propositions pour gouverner la Cote d’Ivoire, Laurent Gbagbo
  • – Agir Pour les Libertés, Laurent Gbagbo
  • – Laurent Gbagbo, le droit à la différence, Nicoletta Fagiolo (Documentaire)
  • – La Francia en Nero (La France en Noir), documentaire italien réalisé par Silvestro Montanaro
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